Retour sur deux enquêtes de l’émission « Secrets d’info » et les questions des auditeurs : pour leur répondre au micro d’Emmanuelle Daviet, Jacques Monin

Campagne Macron : les vrais chiffres d’une levée de fonds hors norme

► Une enquête de Sylvain Tronchet avec Julie Guesdon

Vous avez retracé l’histoire de cette levée de fonds sans précédent et des auditeurs s’étonnent : pourquoi avoir attendu deux ans pour traiter de sujet nous demande Olivier ? Pourquoi avoir fait ce sujet sur cette levée de fonds hors norme ?

Sylvain Tronchet : c’est un problème très français, Macron a été élu en mai 2017 mais nous n’avons eu accès à ses comptes de campagne qu’en avril 2018, mais nous n’avions pas les fichiers détaillés des dons, on n’avait pas non plus les comptes du parti… Cela prend beaucoup de temps pour agréger ces données. Ces documents disent beaucoup de choses du fonctionnement de la démocratie mais c’est un problème très français. En Grande Bretagne ou aux Etats-Unis ou dans les pays nordiques, on aurait ces documents en temps réels. Nous avions alors deux choix : on n’en parle pas car cela arrive trop tard, ou on se dit c’est un sujet majeur, qui dit des choses du fonctionnement de la démocratie, et on décide de le faire quand même.

Jacques Monin : …l’investigation, c’est déjouer les stratégies de communication, en l’occurrence, ce que l’on a trouvé ne correspondait pas à ce qui nous avait été dit. Toute la première partie de la campagne fonctionne sur des gros dons et non sur des petits. Les gros dons sont ciblés au départ pour pouvoir amorcer cette campagne. Les 100 000 petits dons arrivent ensuite. On nous avait dit que les dons étaient plafonnés à 7500 euros, faux car on a identifié des donateurs qui ont donné jusqu’à 40000 euros.

Le calendrier choisi pour la diffusion surprend Martine,  elle nous écrit : » Et ça ca sort 3 semaines avant les Européennes !!! Ben voyons ! La hasard bien sûr ! C’est pitoyable ! » Que répondez-vous à cette auditrice Jacques Monin ?

Jacques Monin : L’anniversaire des deux ans, c’est une date où l’on revisite les événements. On fait le bilan des deux de Présidence Macron.

 

 

Doctolib : success story ou danger pour le monde de la santé ?

► Une enquête de Marjolaine Koch, cellule investigation de Radio France

Plusieurs auditeurs ne comprennent pas que vous critiquiez cette réussite alors qu’ils estiment au contraire que c’est une initiative qui mériterait d’être saluée ! Quel éclairage pouvez-vous leur apporter pour expliquer ce choix Jacques Monin ?

Jacques Monin : on a insisté sur le côté réussite de Doctolib, il n’y a pas de débat là-dessus. Il pose des questions d’enjeu de société, car Doctolib est en train de se positionner dans une situation dominante. Dans quelques années, il pourrait avoir la main mise sur la gestion des calendriers également des hôpitaux, sur les données médicales des hôpitaux, sur les modèles des GAFA. Ce n’est pas le procès de Doctolib, mais sa situation dans l’ensemble d’un paysage. On voit très bien comment fonctionne les GAFA : au début cela fonctionne sur la gratuité, parfois ils s’endettent, creusent des déficits, pour ensuite devenir dominants. Ces GAFA se permettent de faire la pluie et le beau temps sur le marché. La deuxième question ce sont les données même si aujourd’hui le RGPD en Europe, est une forme de bouclier. Mais que se passerait-il si Doctolib était racheté par les Américains ?…

Toujours à propos de Doctolib, on termine avec une remarque de Sylvie : « Je suis très régulièrement « Secrets d’Info » et je trouve généralement cette émission vraiment intéressante. Par ailleurs au-delà du compliment il me semble essentiel de ne pas laisser affirmer des choses fausses. J’utilise Doctolib depuis des années et JAMAIS on ne m’a demandé d’évaluer le praticien consulté. Merci de regarder sur quelle base cette affirmation a été dite. »

Jacques Monin : l’évaluation est optionnelle. Mais lorsque les évaluations sont faites, elles ne sont communiquées qu’aux médecins.