L’attentat de Trèbes, mais aussi l’homéopathie, deux sujets totalement différents, mais qui ont suscité une avalanche de réactions, de questions… Pour en parler au micro du médiateur, Jean-Philippe Deniau, chef du service Police-Justice de France Inter, et Jean-Claude Ameisen, producteur de l’émission « Sur les épaules de Darwin ».

 

 

 

 

Anonymisation 

Les auditeurs ont beaucoup commenté et réagi à l’attentat commis il y a une semaine. Ce qui revient le plus souvent – comme à chaque attentat – est la question du nom du terroriste. Il y a ceux qui voudraient l’anonymisation complète et ceux, plus nombreux, comme Isabelle, qui nous disent : « Je comprends très bien votre traitement de l’attaque terroriste. En revanche, je n’admets pas que le nom du terroriste soit prononcé en permanence, et même parfois plusieurs fois dans une même phrase ». Et Hubert ajoute : « Lors de l’hommage national, le Chef de l’État demande que le nom du terroriste soit ignoré, et juste après, le présentateur du journal ne cesse de le prononcer ».
C’est utile, cette répétition du nom ?

La vraie question est : faut-il ignorer le nom de l’auteur d’un attentat ? Cela ne fait pas l’unanimité au sein de l’exécutif, car si les journalistes ont connu le nom du terroriste de Carcassonne dès vendredi après-midi,  c’est grâce à Gérard Colomb, le ministre de l’Intérieur, le premier à l’avoir révélé.

Après l’attentat de Nice et les centaines de messages reçus par le médiateur, les rédactions des différentes chaines de Radio France avaient adopté une charte, refusant, entre autres, l’anonymisation des terroristes.

La rédaction s’est beaucoup questionnée à l’époque, car révéler le nom d’un terroriste, c’est lui donner une gloire posthume. Mais la question essentielle est: pourquoi ne pas donner une information que l’on détient ? Cela peut-il  changer la perception que le grand public peut avoir de l’horreur des faits qui ont été commis ? Comment rendre compte du procès sans prononcer le nom de Mohamed Merah? A partir de là, ne faudrait-il pas, dans ce cas, anonymiser tous les auteurs de crimes ?
La position à Radio France, c’est de ne pas renoncer à publier le nom des terroristes, l’inverse serait une censure, dont on ne mesurerait pas les conséquences… Notamment, avec le risque de développement du complotisme…

Un autre point a choqué un certain nombre d’auditeurs : «Vous ayez fourni, disent-ils, des informations utiles pour les prochains terroristes ». Mathilde, par exemple, dit : « Je suis effarée de l’inconscience quasi criminelle des journalistes. Ils expliquent que le malheureux gendarme avait laissé son portable allumé pour guider ses collègues ». Précisons que France Inter n’est pas le seul média à avoir donné cette information. Mais peut-on se dire que, désormais, les terroristes savent qu’il faut détruire tous les téléphones portables d’otages?

C’est encore grâce au ministre de l’Intérieur Gérard Colomb que cette information a été donnée.

Les informations proviennent de nombreuses sources qui vont du témoin à l’enquêteur. Mais on retient une information tant qu’elle n’est pas vérifiée.

L’homéopathie: les pour et les contre ?

L’éditorial de Mathieu Vidard, puis le Téléphone sonne consacrés à l’homéopathie ont déclenché une vague considérable de réactions. Tout cela après la tribune publiée dans le Figaro par 124 professionnels de santé demandant l’exclusion des médecines alternatives du champ médical.

Peut-on encore parler de tels sujets sereinement et scientifiquement ? Pour y répondre, Jean-Claude Ameisen producteur de l’émission « Sur les épaules de Darwin » et médecin, chercheur et président d’honneur du Comité consultatif national d’éthique.

Mathieu Vidard a estimé dans son « Edito au carré » du 20 mars dernier, que l’homéopathie pouvait quand même apporter des bienfaits, tout en précisant qu’aucune étude scientifique n’a prouvé une quelconque efficacité.

Une analyse objective ?

Il faut parler de tels sujets sereinement et scientifiquement et humainement. Aucune étude scientifique n’a prouvé l’efficacité des produits homéopathiques en tant que tel, elles ont montré l’efficacité de l’effet placebo. Car lorsque le médecin a confiance, le corps trouve le moyen de soulager sans les effets secondaires des médicaments. (des études américaines l’ont prouvé). Cela aide le corps et la personne à se sentir mieux. Il est évident que cela marche pour des troubles psychosomatiques, des troubles fonctionnels, pour certaines douleurs, mais pas pour des maladies graves.  Il ne faut pas se soigner tout seul !

Il ne faut pas non plus parler de médecine douce alternative, mais de médecine complémentaire. C’est un soin qui est donné à la place de ou en plus…
La médecine ne consiste pas seulement à prescrire. Cela nous dit quelque chose de ce manque dans la médecine classique.
Le Comité Consultatif National d’éthique a travaillé sur le déficit d’accès aux soins palliatifs, la prise en compte de la personne.

 

 

 

De nombreux auditeurs et patients croient plus ce qu’ils ont lu sur des sites peu sérieux et sur les réseaux sociaux que ce que leur disent les professionnels de santé ou les journalistes spécialisés…C’est le cas pour les « anti-vaccins ». Leur principal reproche : « Vous soutenez les lobbys pharmaceutiques ». Il est vrai que des laboratoires pharmaceutiques sont à l’origine de scandales et ont entamé une forme de confiance.

C’est pourtant une question de santé publique. Apprendre au corps à lutter lui-même contre les microbes, c’est de la prévention. Dans notre pays, 95 % du budget de la santé publique est consacré à la réparation et 5 % à la prévention des maladies. On n’a pas de culture de prévention. On sait que les vaccins sont efficaces (exemples de la mortalité infantile dans les pays pauvres). Un vaccin protège différemment. Un vaccin antitétanique protège la personne et pas les autres, contrairement au vaccin contre la rougeole qui protège également les autres. En matière de vaccin, on est resté dans une médecine du 19ème siècle et non dans une médecine du dialogue et d’information.