Les condamnations à mort des djihadistes français jugés en Irak : pour en parler Delphine Gotchaux,  journaliste au service justice de franceinfo est au micro d’Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes.

 

Ces auditeurs reprochent un manque d’équilibre dans le traitement de ce dossier, que leur répondez-vous ?

Jean, un auditeur écrit : Franceinfo fait passer en direct Marie Dosé avocate qui défend le retour en France des djihadistes d’Irak. Il aurait été intéressant de donner aussi la parole à quelqu’un défendant la thèse contraire à celle de cette avocate. Mais quand France Info veut faire passer un message, cette possibilité est facilement oubliée .
Toujours au sujet des djihadistes français condamnées en Irak, René un autre auditeur estime, je cite, que « la couverture , le traitement de l’affaire un peu trop en faveur des djihadistes ».

Nous traitons l’actualité sans parti pris, sans éditorialiser. Effectivement nous avons beaucoup parlé de ces procès de djihadistes français en Irak, pour un raison évidente, c’est la première fois depuis la chute de l’Etat islamique que des ressortissants français sont condamnés à mort. (11 en moins de 15 jours). Au-delà de ce que chacun peut penser, cela soulève de nombreuses questions, non seulement sur la justice irakienne, qui juge ces hommes en quelques minutes seulement sans véritable droit de la défense, mais aussi sur les valeurs que défend la France depuis l’abolition de la peine de mort en 1981. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a redit à l’Assemblée Nationale, la semaine dernière l’opposition de la France à la peine de mort, tout en assurant que ces procès étaient équitables. Mais il faut sans doute écouter la parole des familles des victimes du terrorisme en France, qui réclament le respect des droits fondamentaux pour ces djihadistes, quelque soit la nature des actes commis.
Il s’agit donc d’un débat de société et, sur Franceinfo nous avons aussi fait entendre les voix, notamment des hommes politiques qui ne souhaitent pas le retour de ces Français sur le territoire national.

Vous avez évoqué ces procès, quelle est la difficulté pour les couvrir ?

Ces procès se déroulent en quelques minutes seulement. Il faut déjà obtenir un visa. L’an dernier j’ai pu m’y rendre pour suivre le procès de Mélina Boughedir, Française djihadiste, jugée en Irak, condamnée à une peine de vingt ans de prison. En France nous ne sommes pas habitués à ce type de procès, ce dernier a duré environ 40 mn. En quelques mois seulement ces dossiers sont instruits. Il y a également la question de la défense, ce sont des avocats commis d’office qui n’ont pas le droit d’aller voir leurs clients en prison, qui découvrent le dossier à l’audience. Chaque procès est une sorte de chambre d’enregistrement de l’acte d’accusation. Le juge ne se retire pas pour délibérer, il fait sortir le prisonnier, et après cinq minutes, le condamne à mort.

Entre l’acte d’accusation et l’acte d’exécution, il s’écoule combien de temps ?

Pour le moment l’Irak n’a pas mis à exécution ses condamnations à mort de djihadistes étrangers en Irak.

Dans ce contexte, comment donnez-vous la parole aux familles de victimes ?

Ce sont souvent ces familles qui nous sollicitent par voie de communiqués de presse. L’association française des victimes de terrorisme, notamment a été très claire sur le sujet : il faut que les droits fondamentaux soient respectés même pour ces djihadistes français. Ces associations disent leur espoir que ces terroristes puissent être jugés un jour en France. Pour certains d’entres-eux, ils détiennent des pièces du puzzle qui pourraient expliquer comment des Français sont partis combattre en zone irako-syrienne, et ont aussi planifiés des attentas sur le territoire national.