Attaqué par un site qui se veut « observatoire des médias », relayé par le réseau Twitter, un article publié sur internet met en cause l’impartialité du médiateur des antennes de Radio France. Un article totalement à charge se fondant sur trois exemples précis… Réponse du médiateur.

Revenons tout d’abord sur le rôle du médiateur que j’aurais été heureux d’expliquer à l’auteure de l’article me mettant en cause. Le médiateur est un intermédiaire entre les auditeurs d’un côté et les journalistes, producteurs et responsables des chaînes de l’autre. S’appuyant sur son expérience, sur les principes d’éthique et de déontologie, sur l’esprit Radio France, il fait la part des choses dans les plus de 2 000 messages qu’il reçoit chaque mois, tous lus et traités selon leur contenu.

Remarques transmises dans les chaînes

Nombre de ces messages comportent des remarques constructives et pertinentes que nous adressons aux responsables des antennes ; beaucoup de remarques ont été notamment prises en compte dans les changements concernant les grilles de rentrée.
Des points précis sont également signalés : des erreurs d’interprétation, des manquements à certains principes journalistiques, des fautes de français ou de vocabulaires… Les auditeurs des chaînes de Radio France sont suffisamment vigilants pour que la moindre petite erreur ou imprécision me soit signalée ; l’intéressé est immédiatement prévenu afin d’éviter de réitérer une faute.
Je rédige une lettre hebdomadaire à destination de tous les responsables d’antenne et de rédaction, faisant une synthèse des remarques, des propositions et des critiques des auditeurs. Donc, difficile de considérer que le médiateur ne tient pas compte des remarques qui lui sont adressées. Exemple dans les prochaines « Infos du médiateur » de vendredi : les critiques adressées à la première de « Questions politiques » sur France Inter et franceinfo : (télé), un très mauvais titre dans un journal de 13 titres (qui a – je le comprends – choqué), les noms des invités non rappelés au cours d’une émission (on ignore qui parle si on a pris la radio en cours de route), des erreurs de vocabulaire ou d’expression, etc.

Beaucoup d’auditeurs écrivent également pour réclamer la tête de tel animateur ou tel journaliste. Ou pour demander la suppression d’une émission qu’ils n’apprécient pas. Or, la radio n’est pas faite pour une personne, mais pour un ensemble d’auditeurs qui, par essence, n’aiment pas tous la même chose ; il en faut donc pour chacun, avec un peu de… tolérance. Là, évidemment, je ne peux pas prendre le parti des auditeurs, sauf quand un chroniqueur semble faire l’unanimité contre lui et qu’il nuit au bon déroulé d’une émission ; je fais part à la direction des remarques judicieuses et, ensuite, le directeur décide.

Expliquer nos fonctionnements

Enfin, bien souvent, des critiques sont infondées ou militantes ou liées à une méconnaissance de nos fonctionnements. Et là, le rôle du médiateur est d’expliquer ou de faire expliquer par un professionnel de la radio ou un expert extérieur. Dans le cas du compteur Linky, il était normal de remettre la polémique dans un contexte de vérité et de tordre le cou aux thèses complotistes. Et surtout de ne pas laisser se développer cette thèse absurde que les journalistes étaient « payés » par ERDF. Un simple exemple : on accusait les journalistes de cacher les dangers des ondes électromagnétiques. Or, ce compteur n’émet pas plus d’ondes que n’importe quel câble électrique de nos appartements et des dizaines de fois moins qu’un téléphone portable, un micro-ondes ou un aspirateur…

A propos des « oreilles militantes » des auditeurs, ce n’est pas faire preuve de mépris à leur égard que de dire que l’écoute est très souvent conditionnée à ses propres opinions. Il suffit même de « s’auto-analyser ». Si vous votez à gauche, il y aura bien un moment où vous aurez l’impression de n’entendre que Sarkozy à l’antenne, de ne jamais avoir de papier sur la gauche et de n’écouter que des humoristes anti-Hollande… Et inversement si vous votez à droite. Or, c’est faux ; les antennes recherchent en permanence un équilibre (contrôlé par le CSA pour la politique). Le meilleur exemple vécu par tous les médias (et dans tous les pays… démocratiques) reste le conflit israélo-palestinien ; les Sionistes nous accusent en permanence de ne diffuser que des reportages ou des papiers favorables aux Palestiniens et les pro-Palestiniens nous accusent de faire la part belle aux Israéliens. Or, là aussi, nos rédactions donnent la parole à chacun. En fait, nous écoutons la plupart du temps avec le prisme de nos opinions, en manquant singulièrement d’objectivité et de recul. Et c’est aussi le rôle du médiateur de le rappeler.

L’écoute des auditeurs

En conclusion, pour qui connaît le travail méticuleux et acharné du médiateur, il est profondément injuste de considérer que je ne tiens pas compte des avis des auditeurs. Mais il est vrai que tous les auditeurs n’ont pas raison ou ignorent les conditions ou le contexte d’une situation ; je suis donc là pour expliquer ou faire expliquer.

Ma nomination est intervenue pour réhabiliter le poste de médiateur avec une meilleure écoute des auditeurs et des réponses explicatives à leurs remarques.
Je suis le seul médiateurs de presse à disposer d’une telle présence sur les ondes (sur France Inter, franceinfo : et France Culture), ainsi que d’une lettre interne hebdomadaire et d’une réunion hebdomadaire en compagnie de tous les directeurs de rédaction. Autant dire que vos messages ne restent pas lettre morte…

Bruno DENAES

Médiateur des antennes