Bonjour Madame,
J’écoute France Culture depuis que j’ai 18 ans, c’est-à-dire lorsque je fus étudiant aux Beaux-arts de Valenciennes en 1977. Plus tard, j’étais jeune instituteur débutant quand je me relevais la nuit à 1 h du matin pour enregistrer la rediffusion dans la nuit du Mystérieux Docteur Cornélius. Je ne connaissais alors pas du tout Gustave Le Rouge, et j’avais juste été attiré par le titre lu dans Télérama. J'ai dévoré le premier épisode. Le virus avait fiat son oeuvre.
J’étais jeune et je pouvais alors supporter de mettre mon réveil tous les jours à 1 h du matin et être en forme le lendemain en classe. Rendez-vous compte de mon acharnement : plus de quinze jours, je crois me souvenir, à se relever la nuit pour ne pas rater un épisode ! C’était le règne de l’antique cassette audio. Parfois, c’est-à-dire, à chaque fois, l’amorce risquait de manger une partie de l’émission, et il fallait savamment avancer la bande vierge avec un crayon passé dans l’un des trous jusqu’au premier centimètre, mais pas plus ! Pour éviter de rester à tout écouter, j’utilisais alors pour enregistrer des cassettes C120, fragiles, mais d’une durée d’une heure sur une seule face, donc juste assez pour deux épisodes ! Je lançais l’enregistrement et allais me coucher en espérant que la réception allait être bonne cette nuit-là. C’était la préhistoire !
C’était l’époque des problèmes de réception de la FM : craquements dus à un orage proche, clacs et clics de tel ou tel crétin qui passait en voiture ou en moto, souffle de la stéréo que le Dolby avait bien du mal à enlever, mauvais temps, etc. C’était l’époque de la rareté et de la fragilité des C120, sans parler de leur prix ! C’était du stress, et une déception tentée de rage quand je constatais, le matin venu, un décalage dans les horaires de diffusion, qui me faisait rater le début ! C’est ce qui s’est produit pour l’épisode Le Mystère de l’île Basan, où le professeur Bondonnat luttait contre des bonzes, dont j’ai raté le début, et que je n’ai connu qu’amputé de 15 minutes pendant de longues années ! Il aura fallu, bien plus tard, que l’INA vende l’intégralité de cette fiction pour que je découvre ces fameuses 15 minutes avec ravissement ! Je conserve donc précieusement depuis presque 40 ans mes cassettes C120 du bon Docteur comme une relique familiale. Certaines sont froissées, recollées, voire illisibles, mais hors de question de les jeter ! J’ai numérisé ces cassettes quand la technique me l’a autorisé et j’ai multiplié les sauvegardes sur des CD audio, des CD de données, puis des disques durs divers et variés. Vous pouvez donc imaginer combien j’apprécie aujourd’hui le confort du podcast ! Quelle belle invention ! A quand la radio numérique terrestre partout en France ? Ça traîne !
J’ai suivi avec délectation les aventures de Baruch Yorgell et sa noirceur désespérée, de Harry Dorgan et sa débrouillardise de détective (son « bon bout de la raison » à lui ?) de Cornélius Kramm et ses inventions diaboliques, le méchant intelligent par excellence, génial et terrible sculpteur de chair humaine, de Mylord Bamboche et ses cent mètres de boudin, etc. Je connais certains dialogues par cœur. J’ai même reconnu les aboiements de Pistolet, le chien d’Oscar Tournesol, une après-midi où j’allumais distraitement le poste !
J’ai même correspondu puis échangé mes enregistrements avec d’autres fous de Le Rouge auditeurs de France Culture, et nous avions demandé de rediffuser le Mystérieux Docteur, ce que France Culture fit il y a quelques années, heureusement.
Vous pouvez donc imaginer le plaisir que j’ai eu de peaudecaster et de réécouter le mystérieux Docteur Cornélius.
Merci France Culture !
Fidèle auditeur et peaudecasteur