Marie Pierre Véraud ( je ne sais l'orthographe exacte de ce nom) à 12h30 correspondante de France Culture dans l'affaire Salah Abdeslam, rend compte de l'arrivée en France de celui-ci ce jour et de sa convocation par le juge. Elle fait un portrait de son avocat français: Frank Berton: fêtard, gros fumeur (ses premiers qualificatifs!!!) puis un bosseur et un pénaliste rigoureux (ce qui nous intéresse...), elle cite les propos de son avocat belge (qu'elle ne nomme pas), Sven Mary, tiré d'un entretien de celui-ci au journal Libération : "il (Salah Abdeslam) a l'intelligence d'un cendrier vide et il est d'une abyssale vacuité".
Elle tire d'un texte de Libé long et portant sur plusieurs points faisant entendre la complexité d'être avocat dans une telle situation cette unique phrase qu'elle donne en pâture aux auditeurs. J'étais au volant de ma voiture, cette phrase m'a choquée, elle m'a interrogé non sur Abdeslam mais sur celui qui l'avait dite et sur celle qui la relayait brut de décoffrage. Une drôle de pratique sur une chaîne radio qui pourtant réfléchit à la façon dont la presse et les médias construisent par leurs propos slogans, petites phrases une pensée rétrécie voire pas de pensée...Je suis allée lire l'article de Libération, effectivement Sven Mary tient ces propos mais dans beaucoup d'autres il relie ses jugements à la façon dont Abdeslam s'est formé et informé, ce qui nous invite à nous sentir aussi concernés par ce qui est donné en pâture à notre jeunesse sur internet ou dans des journaux et fanzines, la responsabilité de chaque jeune est en jeu mais la nôtre ( celles des éduqués, formés, dits adultes ) pareillement...Je vous demande de transférer mes propos à cette correspondante. Merci. Je ne comprend pourquoi ce site me refuse ma 1ère adresse mail : marie-odile.caurel@laposte.net ....?

La Médiatrice Radio France vous répond
29/04/2016 - 9:22

Voici la réponse de Marie-Pierre Vérod :
Madame,
Je vous remercie de l’attention que vous portez à notre antenne et d’en être une auditrice avisée. Il est toujours intéressant d’avoir le ressenti de ceux pour lesquels nous travaillons. Permettez-moi de vous apporter quelques précisions.
Vous faites allusion à deux éléments distincts diffusés sur l’antenne de France Culture liés au transfèrement de Salah Abdeslam en France.
D’une part, le portrait de son avocat français, Frank Berton, diffusé à 7h15 le jeudi 27 avril. C’est un exercice par nature subjectif qui permet de rendre compte de différentes facettes d’une personnalité dans l’actualité, Pour le dresser, j’ai mené ma petite enquête, interrogé pluiseurs de ses proches et collègues, amis ou non, et ce sont leurs mots (d’ailleurs concordants) que je rapporte. Frank Berton peut en effet apparaître comme paradoxal : fêtard et bosseur, intuitif et rigoureux, bourru et généreux etc J’ai essayé après avoir interrogé de faire paratger ce que j’en avais appris. Un protrait en 2 minutes ne opeut résumer une personne mais je ne vois pas comment j’aurais pu occulter une facette au profit d’une autre.
D’autre part, vous évoquez un « papier » dans le journal de 12h30 du mercredi 26 avril, « papier » factuel. Après avoir rappelé ce que l’on sait du parcours et du rôle éventuel de Salah Abdeslam dans les attentats de Paris, je conclus en rapportant les propos à son sujet de ses deux avocats, le français et le belge. Il est toujours intéressant d’avoir le point de vue des défenseurs, ce qui peut permettre de deviner la stratégie qu’ils développeront lors du procès. Car c’est notamment la personnalité de Salah Abdeslam qui sera au cœur du procès à venir : était-il un suiveur, influençable ou est-il un jeune homme conscient de ses actes et déterminé? N’a-t-il aucune analyse de ses actes ou en prend-il aujourd’hui la mesure? Les assume-t-il, les revendique-t-il ou les regrette-t-il? Sa responsabilité ne sera pas forcément appréciée de la même manière selon que la balance penche d’un côté ou de l’autre. C’est pourquoi il me semblait important de livrer ces deux points de vue, de personnes habilitées par leur fonction à les donner.
Je n’extraie en effet qu’une citation de l’avocat belge (Sven Mary) de l’entretien qu’il donne le matin même à Libération, une citation brutale certes, et il est d’ailleurs assez rare de parler de son client en de pareils termes. Reprendre, notamment, l’expression « il a l’intelligence d’un cendrier vide » peut (et, j’oserais ajouter, doit) choquer. Je peux comprendre que vous ayez été interpellée. Peut-être aurais-je dû la contextualiser davantage. Mais je l’ai livrée brute de décoffrage, car il ne s’agissait pas pour moi de la juger mais de la donner à entendre et de la livrer à la réflexion de nos auditeurs.
Je vous remercie de votre attention et espère avoir répondu à vos interrogations.
Cordialement,
Marie-Pierre vérot
France Culture