Chère Marie-Pierre Planchon (MPP de votre petit nom pour notre famille),

J'ose le "chère" parce qu'enfant j'ai été littéralement bercée par la météo marine dans le Dunkerquois, le générique de fin correspondant au signal du coucher pour nous. Tous ces hectopascals, ce grain, cette mer agitée à fort agitée me faisaient rêver.... puisque oui, de part chez nous, c'est surtout cela qui me revient déjà au plus loin de mes souvenirs.... le sale temps façon poésie fantastique.

J'ose le "chère" parce que vous avez remplacé "nez bouché" de son petit nom venu de notre enfance, par votre voix depuis de nombreux matins rythmés par France Inter. Je les passe désormais sur Lille et je me demande s'il est des auditeurs plus fidèles et attentifs que ceux du Nord, guettant, dès le réveil la précieuse information, l'espoir d'un jour meilleur : quel temps fera-t-il aujourd'hui ?

Impossible déjà en général de prévoir nos tenues en fonction de la météo saisonnière supposée, si vous connaissez un peu le Nord, des bords de Mer en passant par l'A25 et jusque Lille, je vous assure, rien n'est moins sûr. Jamais on ne part insouciant avec un vélo sans K-way ou autre équivalent au fond du sac, en sandalettes en plein juillet avec la jupe qui vole au vent. Non, on attend de savoir ce que vous allez nous annoncer, pour prudemment (enfin!) enfiler notre robe d'été que l'on ne mettra peut-être qu'une fois cette année.

Bref, la météo ici c'est un sujet trèèèèèès important. C'est sérieux. On en parle beaucoup, à la maison, au bureau, au café. On en rit pour prendre avec philosophie les litres d'eau que nous déverse le ciel et la grisaille continue qui nous prive de soleil, de vitamine D et de sourires.

Mais là, cette année, je vous assure. Nous n'en pouvons plus.

J'observe une sorte de "seuil d'intolérance" auprès de mes collègues de bureau par exemple, que chacun a atteint au cours des dernières semaines. On les voit arriver à la suite d'une averse, que dis-je une "drache", alors que les bulletins annonçaient « pluie éparse » ou « éclaircie » et là ils se mettent vraiment en colère, exaspérés, au bord des larmes. Jusque-là tolérants, ils vident leurs sacs.... puis deviennent résignés. Ça m'est arrivé aussi un matin ressemblant étrangement au mois de Novembre en pleine saison des barbecues. Je vous dis, je crois que cette année, on sous-estime largement ce que l'on vit, ici, avec le temps qu'il fait.

Sûrement une sorte de passage obligé pour s'adapter alors, chacun notre jour, on craque entre les derniers espoirs d'un temps meilleur annoncé à la radio, à la télé, sur nos ordinateurs (on devient fou on check la météo 4 fois par jour sans mentir) et la décevante réalité. Et puis un midi quand on arrive trempé en réunion pour avoir osé se déplacer en vélo avec une simple capuche, ou le 4ème jour de temps gris plombé sans soleil, quand un pote nous appelle de sa piscine dans le sud, ou que votre mariage tombe à l'eau, ou que sur l’autoroute on roule à 50 avec les warnings en signalant « danger climatique » sur waze... on craque.

Alors, voilà chère Marie-Pierre Planchon, s'il vous plait, annoncez-nous vraiment le temps qu'il va faire chez nous, plus de faux espoirs comme aujourd'hui, où je vous assure par la fenêtre de mon bureau il fait très très moche et que chez moi j'ai allumé la lumière pour déjeuner et que mon linge que j'ai eu la gageure d'accrocher dehors.... ne sèchera jamais.

Ce n'est rien, je le sais bien, le temps passe, ce n'est rien.
Mais Marie-Pierre, cette année vraiment, on n'en peut plus.