Voici maintenant quelques années que je communique via le site pour m'insurger du traitement inéquitable réservé au sport féminin sur France Info (j'écoute essentiellement celle-ci)
Je pense ne pas être loin de la réalité si j'avance que 90% du contenu des chroniques sportives sont dédiés au sport testostéroné . L'apparition de journalistes féminines (Fanny Le chevestrier et Laetitia Bernard) n'a rien changé à l'affaire ; on pourrait même imaginer que l'utilisation de ces jokers constitue une sournoiserie supplémentaire afin de masquer le peu d'ambition de l'antenne à ce sujet.
Prenez le temps de vous remémorer la place accordée aux résultats des équipes féminines de l'Euro de football 2017 au regard de celle que l'on accorde aux frasques plus stupides les unes que les autres des footeux tatoués, inlassablement commentées.
Tentez de comparer le temps accordé aux performances des joueuses de la Fed Cup avec celui de la Coupe Davis. Et je n'ose même pas aborder la situation des sports discrétionnaires (aviron, golf, ski nordique ….)
Quand bien même des résulats sont à évoquer, ils ne peuvent être placés qu'en fin de chronique avec une insistance déplaisante sur le fait que l'on parle de sport féminin (ne nous y trompons pas!)

Tout ceci est lamentable et désespérant ! France Info est un organe public qui devrait au contraire être un modèle. Ce n'est tellement pas le cas que je l'utilise maintenant dans mes cours (j'enseigne l'EMC) comme « situation d'accroche » et comme « représentations » dans le cadre des « discriminations genrées » ! Et cela fonctionne plutôt bien auprès des collégiens qui prennent ainsi la mesure des dégats causés par les campagnes de communication médiatique dans le sport et par le marketing sportif ainsi que du chemin qui reste à parcourir vers la parité sociétale.
Il semble que l'école soit aujourd'hui le seul espace où l'égalité soit présentée comme une valeur et une finalité car, une fois quitté le lycée, l'écart est abyssal entre les injonctions lénifiantes des programmes officiels et la réalité professionnelle. (Il n'y a qu'à éplucher les organigrammes de Radio France pour
vérifier que ce sont bien les mâles qui commandent)

On ne peut plus se contenter des récurrents constats sur les injustices de genre, il faut passer aux actes : accepter de dire que la gent masculine ne prend pas son tour dans les rôles domestiques, donner de la lisibilité réelle et positive aux actions féminines, cesser de se soumettre aux injonctions marketing qui dégradent l'image féminine (surtout dans le sport), bref, installer un climat sain et propice pour la promotion de l'égalité réelle dont on sait maintenant qu'elle est indispensable à l'évolution progressiste des sociétés et à la croissance économique des états.

Les médias ont un rôle majeur dans la formation des mentalités et peuvent (s'ils le veulent...) être un puissant vecteur de progrès en matière d'égalité entre les femmes et les hommes.
Promouvoir, favoriser les aspirations des sociétés me semble constituer une de leurs primordiales missions, surtout de la part d'un media public.