A l'attention de Dominique Seux (concernant une chronique du mercredi 30 novembre sur le 7/9)

Monsieur,

Comme tous les matins, j'ai écouté avec attention votre chronique portant sur les résultats en mathématiques des élèves de CM1.
Votre analyse m'a semblé quelque peu sommaire, peu pertinente et ce pour plusieurs raisons.

Une fois de plus, je prends conscience à quel point mon métier d'enseignant du premier degré est méconnu. Il serait judicieux que vous demandiez à l'éducation nationale de faire un stage d'observation dans une ou plusieurs classes de primaire. Vous constateriez que les connaissances mathématiques ne comportent pas de difficultés majeures de compréhension pour des adultes formés même venant d'études littéraires.
L'apprentissage des notions fondamentales nécessitent une mise en œuvre pédagogique particulière car ces domaines d'apprentissages peuvent être difficiles pour nombre d'enfants. Nous avons recours à des ouvrages didactiques pour nous aider à mettre en œuvre une pédagogie à même de permettre à chaque élève de réussir. Apprendre à un enfant et en l'occurrence à un groupe d'enfants n'est pas une tache simple, simpliste. La grande majorité des enseignants a le sens des responsabilités et au-delà de son métier cherche à porter les idéaux républicains d'égalité, d'accès à l'éducation pour tous et de construction du citoyen.

Vous abordez la question des enseignants sans classe sans préciser qu'un des problèmes de l'école est la gestion d'absence de professeur. Il faut un corpus d'enseignant remplaçant pour permettre aux élèves de ne pas vivre des ruptures trop fréquentes de leur rythme. Il n'existe pas d'enseignants « planqués » mais parfois ils ont une période sans remplacement ce qui ne veut pas dire qu'ils ne travaillent pas dans leur école de rattachement. Et ces périodes sont souvent de courtes durées. Je tiens à préciser qu' enseignant est un métier difficile avec des élèves qui ont évolué dans leur rapport à l'école, aux apprentissages. L'enseignement n'attire pas seulement des personnes fragiles, peu motivées. En général, nous trouvons des enseignants avec des convictions profondes et sincères et ayant le sens des responsabilités. L'argent, les vacances sont rarement le moteur de notre métier. Nous cherchons à participer à l'épanouissement de nos élèves et à réduire les inégalités sociales et éducatives.
La baisse du niveau est-elle le reflet de notre incapacité ou le résultat de l'augmentation de la pauvreté qu'elle soit économique, culturelle, éducative ? La réponse n'est pas simple et n'appelle pas des chroniques stigmatisantes.

Notre métier, notre statut souffrent d'images erronées, de clichés, de mensonges. Je sais que mon courrier ne changera rien. Je sais aussi que l'éducation est un enjeux majeur. L'éducation nationale est un pilier de la République. Des transformations peuvent être nécessaires mais nous recevons des enfants avec leurs particularités, leurs difficultés. Y répondre en insistant sur notre incompétence ne participe qu'à la stigmatisation d'un corps de métier en souffrance. Votre analyse dévalorise une fois de plus l'école publique qui petit à petit plie face aux écoles privées. Nous arrivons petit à petit à une éducation de l'inégalité.

Cordialement.

Sylvain Martinat

La Médiatrice Radio France vous répond
01/12/2016 - 13:58

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