Est-ce que l'actualité (c'est-à-dire seulement les évènements dont tous les autres médias de masse parlent déjà) est devenue la seule variable d'ajustement de Radio France ? On peut le penser en écoutant France Culture aux heures de grande écoute (c'est -à-dire à peu près les seuls moments de la journée où il est possible de l'écouter pour tout un chacun).

Or, France Culture n'a évidemment pas été créée pour cela. Elle a été créée pour devenir l'université populaire de Radio France, c'est-à-dire une source inépuisable de savoirs et de créations radiophoniques, c'est sa mission première de service public. Cette obssession de l'actualité a bien sûr tout d'un matraquage qui s'apparente bien plus à de la propagande (une pensée unique néo-libérale pour résumer) qu'à de véritables réflexions sur notre monde. Et quand bien même cela serait le cas (ça ne l'est absolument pas ou si peu), une émission par jour suffirait à étancher la soif d'"actualité" d'un auditeur moyen.

Qui a envie d'entendre parler (bavarder autour d'une table serait plus juste) du problème des migrants-réfugiés-demandeurs d'asile (choisissez selon le parfum du jour) 3 ou 4 fois par jour dans 3 ou 4 émissions différentes ? Pour ne prendre que cet exemple, mais on pourrait faire la même remarque pour "la Grèce", "la rentrée des classes" et autres marronniers à la mode du microcosme médiatico politco économique parisien.

Ce manque total de recul sur les événements, et l'impossiblité (volontaire) pour France Culture de s'en détacher actuellement, pose un grave problème de démocratie du savoir, France Culture étant parfois la seule source de savoir dans les régions enclavées, campagnes, montagnes, mers... Cela lui donne une responsabilité toute particulière, unique en France et dans le monde. C'est d'autant plus dommageable que par le passé (disons il y a encore 20 ans en arrière) ce n'était pas le cas. Les émissions de fond aux heures de grande écoute (excepté le créneau horraire des matins) étaient monnaie courante (le panorama par exemple entre 12h et 13h), les infos ne duraient que 15 minutes et les bulletins étaient très espacés. Et cela ne manquait semble t-il à personne, sinon on allait sur France Inter ou France Info pour avoir une information instantanée (comme on le dirait du café instantanné, c'est à dire de mauvaise qualité).

Cette mission de service public n'est donc plus que partiellement accomplie, et cela crée un vide dans le paysage radiophonique français. La profusion de débats-commentaires-bavardages d'experts, de "journal de..." (la culture, du numérique, que sais-je..), d'agendas culturels, de micro-chroniques, le tout entrecoupés de jingles et de musiques de fond (encore une caractéristique qui n'existait pas du tout il y a 20 ans bien au contraire, il régnait un calme sonore sur cette antenne reconnaissable entre toutes), font que l'on ne comprend plus rien et tel est bien le but : créer la confusion dans les esprits au lieu de les éclairer. Car tout cela n'est pas de l'ordre de l'involontaire mais est soutendu par une idéologie, comment en serait-il autrement à d'aussi hauts niveaux de décision du pouvoir ? (Ministère de la Culture, présidence de Radio France, nouvelles méthodes de management etc.) Nous l'avons bien vu lors de la grève historique d'un mois qui a paralysé l'antenne en début d'année. Annihiler le sens critique des citoyens pour mieux les contrôler, le crédo est connu, et si peu subtil.

Alors par pitié cessez d'obéir à des chefs idiots (et périssables, bien plus que vous producteurs qui êtes à l'antenne depuis si longtemps) et fournissez-nous de quoi nourrir nos esprits, merci !

Cdt,

La Médiatrice Radio France vous répond
13/09/2015 - 17:44

Vous pouvez écouter la chronique du Médiateur du 10 septembre dernier: Sandrine Treiner, la
directrice de France Culture,  apporte des éléments de réponse 
https://mediateur.radiofrance.com/sujet-nouvelle-grille-difficile-de-chang…

Par ailleurs, France Culture, contrairement à ce que vous souhaitez, ne peut rester figée dans des programmes d’il y a 20 ans. Le monde évolue, France Culture et ses auditeurs également. Quant à "tout cela est soutenu par une idéologie", arrêtons avec la théorie du complot. Vous pouvez ne pas aimer les changements, mais rassurez-vous les pouvoirs politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont d’autres préoccupations que les programmes de France Culture, ou de Radio France en général, dès l’instant que nous répondons à notre cahier des charges.