Vous êtes une station de service public. Vous êtes donc rémunérés par la redevance. On se dit qu'on peut attendre de vous un professionnalisme redoublé. Au lieu de cela, vous êtes, comme les médias rémunérés par la publicité, en pointe pour rechercher ce qui est croustillant. Les affaires dans lesquelles est intriqué François Fillon sont évidemment du pain bénit. Jamais je n'ai entendu un journaliste s'interroger sur les officines qui distillent les informations: qui détient ce type d'information ? Mais je perçois déjà les cris d'orfraie: comment osez vous remettre en cause la règle relative à l'anonymat des sources ? Je comprends bien que c'est un sujet tabou, un fondement de la démocratie...On peut quand même s'interroger: qui détient techniquement les informations sur l'usage de l'indemnité des parlementaires. Voilà un excellent sujet pour les sacro-saints journalistes d'investigation. Mais, chut ! Domaine interdit! Je suggère aussi que les fouineurs explorent les déclarations fiscales des journalistes. Les journalistes ont des privilèges exorbitants en matière de frais professionnels. Ce serait sûrement savoureux de découvrir tout ce qui est déclaré par ces saintes personnes comme frais professionnels. Dernier point: pourrai-je obtenir un jour sur votre antenne la courbe de vente du Canard Enchaîné depuis les révélations soigneusement distillées sur Pénelope ? Au demeurant, cette personne est évidemment indigne du moindre respect. Cela dit, je désapprouve formellement le comportement des détenteurs d'un mandat public, qui essaient d'en tirer des avantages personnels. J'ai lu naguère un livre "l'éthique ou le chaos" qui met en lumière le devoir d'exemplarité. Un de mes collaborateurs disait aussi très justement: on commence par balayer les escaliers par le haut. J'ai peu d'espoir que quelqu'un lise mon message jusqu'au bout. Pour me résumer: qui aujourd'hui a intérêt à fausser la campagne électorale ?

La Médiatrice Radio France vous répond
03/04/2017 - 10:38

Je ne comprends pas très bien votre message. Les journalistes n’ont jamais souhaité « fausser la campagne électorale ». Cela devient bizarre d’inverser les responsabilités. Qui est fautif? Les journalistes qui font leur travail d’information, d’enquête, de révélations ou les personnes qui fraudent et détournent l’argent public, qui mentent, etc. Quant à la théorie du complot et un cabinet noir, arrêtons de fantasmer. Le principal est la justesse des informations et, surtout, que cela occasionne une prise de conscience pour que le domaine politique – important dans une démocratie – retrouve la confiance des citoyens en adoptant des pratiques honnêtes, transparentes et respectables…

Enfin, les journalistes n’ont aucun « privilège exorbitant en matière de frais professionnels ». Le seul « avantage » est de pouvoir déduire de nos déclarations de revenus la somme forfaitaire de 7 650 euros, inchangée depuis 1997. Cet « avantage » remonte aux années 1930 lorsque la presse – comme aujourd’hui – était en difficultés. Et comme à l’époque, cette déduction pour frais professionnels est considérée comme une compensation aux salaires plutôt faibles des journalistes, comparés aux autres professions à niveau d’études équivalents (souvent Bac+5 ou 6), et au temps de travail important, plus près des 50-60 heures par semaine que des 35.

Vous pouvez réécouter le rendez-vous du médiateur sur l’investigation : https://mediateur.radiofrance.com/chaines/franceinfo/coeur-de-linvestigation/