Bonjour aux Répliques,
j'ai entendu votre émission ce matin et je me permets de réagir en quelques lignes...
Je suis née en République tchèque, pendant longtemps, j'ai vécu à Prague. Je suis une étudiante, une poète, une voyageuse à travers l'Europe, on pourrait m'appeler "une citoyenne du monde". J'ai vécu à Bordeaux, à Lille, je fais mes études en économie sociale et solidaire à l'Université Lille 1. De temps en temps, j'écris des poèmes sur la situation actuelle en République tchèque, on dirait des poèmes engagés, mais aussi, des poèmes plus romantiques. 
A la fin de votre émission, les deux penseurs, Jacques Rupnik et Aleksander Smolar ne savaient pas quelles personnes sont-elles aujourd'hui actives dans nos pays, dans la société civile. 
Je prends la parole et je réagis, car, dans mon entourage, il y a des personnes qui luttent, qui font des choses, qui s'engagent et qui avancent. La question "d'avancement" me paraît très importante. Car avancer, ce n'est pas reculer dans le temps. Avancer, c'est continuer toujours tout droit, même si l'avenir peut être incertain et douloureux. Je pense qu'il nous le faut. 
Il est tragique, triste et décevant que nos représentations politiques sont en train de faire un pas en arrière. Notre président, Milos Zeman a cette semaine accueilli  le président Chinois. Il y a certaines règles de sécurité à respecter, ceci est compréhensible (le château de Prague étant fermé, nous avons eu des drapeaux chinois dans les rues, la minorité chinoise a été payé  par la chambre commerciale tchèquo-chinoise pour accueillir le président Chinois dans les rues de Prague). Les activistes tchèques ont été arrêtés par la police.
 
Ce qui est inadmissible, c'est de voir, regarder et observer que notre président, avec tout son pouvoir politique, économique, avec toute sa responsabilité pour tous les Tchèques et tout le pays, nous dirige vers des relations commerciales avec la Chine qui est un pays communiste, sans les droits de l'homme. Après tout le travail qui a été fait après la Révolution de Velours en 1989, cette direction, me semble, inacceptable. Zeman est une personne avec un rêve personnel : être visible. Avec toute ma compassion je trouve que c'est un homme malade et vieux.  
La société civile existe chez nous. Hier, il y avait une conférence sur l'économie sociale et solidaire dans une école à Prague 8. Il y a toujours Tomas Halik, notre intellectuel et prêtre à l'Eglise de Salvator à Prague 1. Il y a les slameurs, les jeunes comédiens comme Vaclav Sindelar, Bohdan Blahovec et Jan Dibitanzl qui reflètent la situation actuelle avec l'humour, et, ils font de temps en temps réfléchir leur publique. Il y a Apolena Rychlikova, une activiste et cinéaste qui rédige des articles pour une revue indépendante Alarm. Il y a Sasa Uhlova, Jana Nemcova, activiste dans la société civile. Il y a Vit Masare, le vice-président du parti vert à Prague 1, mon colocataire, qui essaie de rentrer dans le système de l'intérieur et faire changer et bouger les choses. Nous sommes toujours là. Nous vivons. Nous continuons. 
Moi je reprends la respiration en voyagenant, dans le cadre de mon stage à Bruxelles. Je bouge entre la Belgique, la France, je vis une vie un peu schizophrénique, pourtant, elle me permet de voir le monde d'une manière globale. Mes parents n'avaient pas cette possibilité et je suis fière de pouvoir vivre dans ce monde sans frontières fixes. 
Merci pour votre émission. 
Une bonne continuation à vous. 
​Tereza Sylva Klenorova