Bonjour,

Tout d'abord merci pour votre travail de médiateur, je suis tombé régulièrement sur vos interventions sur France Culture et j'ai à chaque fois apprécié cet effort de transparence et cette recherche de réponses auprès des rédactions.

Qui vous écrit aujourd'hui ? Eh bien j'ai 34 ans, je suis salarié (cadre dans l'informatique), et élu local ; je ne suis pas syndiqué, pas encarté.

Je vous écrit après avoir réécouté dans le journal de 13h du 7 juin 2016 sur France Inter l'interview d'un délégué Sud Rail, Gabriel Rosenman, opposé à la fin de la grève, qui suivait de quelques minutes l'enregistrement d'un délégué UNSA défendant l'accord proposé et la fin de la grève.

J'ai été particulièrement outré du comportement de la journaliste, Claire Servajean – pourtant expérimentée – qui a multiplié les injonctions et les questions pièges plutôt que de choisir soit d'aider son invité à faire comprendre son point de vue, soit de débattre sur le fond (mais serait elle légitime pour débattre ?).

C'est un véritable catalogue de mauvaises pratiques. Ainsi, en interrompant un échange sur le fond, elle appelle à commenter la petite phrase du premier ministre : « Manuel Valls vous invite à signer un "bon accord" ». Elle utilise des tournures plus qu'orientées prenant parti dans l'échange : « c'est pas votre problème l'Euro de football ? ». Elle va jusqu'à mettre des mots dans la bouche de l'interviewé : « Vous dites "il faut maintenir la pression" » – il n'a jamais dit cela, « Guillaume Pépy dit [...] – vous le rejoignez quelque part », « vous reconnaissez que vous dépassez largement le cadre du combat syndical ». Et l'interview finit par la lamentable opposition usagers-grévistes, la journaliste invoquant la prétendue « impopularité » du mouvement.

C'est malheureusement tout à fait représentatif des dérives journalistiques des grands médias, et j'entends déjà la défense qui arguera de la complexité du débat pour les auditeurs – pour exiger le nivellement par le bas du débat – ou qui invoquera les questions que les auditeurs auraient voulu entendre – dans l'imagination du journaliste.

Je n'en aurais pas attendu moins d'Europe 1, de RTL, BFM ou RMC, mais France Inter ?

Bien cordialement,
- Loïc Minier