Passée inaperçue…

Au
réveil, à 7:48, j'apprends sur mon fil Twitter le décès de Leïla Alaoui
suite à ses blessures provoquées lors des attentats de Ouagadougou.
Cette photographe franco-marocaine était en mission pour Amnesty
International au Burkina Faso. Au mauvais endroit, au mauvais moment,
elle a été criblée de balles.

Votre station, seule chaîne info radiophonique n'a pas évoqué cette information. Jamais entre 7:50 et 9:25. Jamais.

Une
artiste française engagée, reconnue par ses pairs (ses œuvres étaient
encore exposées la semaine dernière au Musée européen de la photographie
de Paris), une femme libre est morte dans l'indifférence. Indifférence
de la rédaction de la matinale de France Info

Je
sais le tourbillon de l'information. Je sais que la hiérarchisation de
l'info n'est pas une science exacte. Mais je sais aussi les règles du
"mort kilomètre" et de la "loi de proximité". Leïla Alaoui était
française. France Info et les médias français trop souvent autocentrés
ont nié cette française. Une française et marocaine à la fois. Française
par sa mère. Marocaine par son père. Mais Française pour la France.

Dans
une France divisée et gangrénée par un débat sur la binationalité, je
m’interroge. Ce décès a-t-il été nié par votre rédaction car la victime
est (aussi) marocaine ? Je n'ose l'imaginer. Je sais les qualités de vos
journalistes mais cette fois je ne vous comprends pas. Je ne vous
comprends plus.

Fleur
Pellerin, votre ministre de tutelle a tweeté son émotion à 00:28.
J'aime l'indépendance de votre média vis à vis de nos gouvernants mais
cette fois-ci vous avez failli à votre mission d'information.

Je
suis moi-même franco-marocain. Journaliste franco-marocain. Je ne peux
que être triste à l'idée que si un jour il devait m'arriver malheur ici
ou ailleurs, ma mort passerait inaperçue sur votre antenne.

Ce matin, vous avez perdu un auditeur. Votre radio me manque déjà.

Najib T.