Mon Pauvre Frédéric,
Dans quelle situation tu es venu te mettre…
Oh rassures toi, il ne t’arrivera rien de grave. Tu vas juste déchainer les passions comme à chaque fois que l’on évoque la corrida, subir les foudres de certains et attiser la haine des autres.
Tu voulais simplement faire rire avec une chansonnette et c’était visiblement réussit auprès de tes copains présents dans le studio.
Dans le début de ta chanson, tu semblais justifier le fait qu’on puisse rire de la mort d’un homme que toi tu juges comme étant un salopard. Pour nous c’était un mec adorable, un artiste immense doté d’un courage rare. Mais ce que tu sembles oublier depuis Paris derrière ta guitare, c’est que cet humain était bien réel, vivant, humain. Ces petites couilles qui « finiront dans des tapas », avaient fait un enfant qui pleure son père aujourd’hui et causées des frissons aux passionnés que nous sommes. On peut rire de tout mais même si je reconnais être partie prenante, franchement ce n’était pas drôle Frédéric. Rassures toi, France Inter ne me perdra pas comme auditeur. Je ne l’écoutais déjà pas auparavant…
Tu as bien le droit de ne pas aimer la corrida. Et même de la détester. C’est bien regrettable mais au fond, nous, aficionados, jugeons cela plutôt normal.
Oui tu lis bien, normal. L’Aficion ne peut s’improviser. Elle se transmet de quelqu’un puis s’entretient, car c’est une culture. On ne peut donc te reprocher d’apprécier quelque chose pour lequel tu n’as pas été un minimum initié. Au vu de ton âge et de ce que tu dis, j’ose quand même espérer que tu as pris la peine, une fois de te rendre aux arènes en compagnie d’une personne avertie pour qu’elle puisse t’expliquer un minimum de choses sur la question. Et j’ose espérer que le spectacle t’a dégouté. Ou tu y es peut-être opposé par pure conviction et que tu n’y as donc jamais mis les pieds. Dommage mais rien de dramatique…Plus regrettable en revanche que tu ne prennes le temps de te rendre un de ces quatre en Andalousie, en Camargue ou au « Campo Charro » dans la région de Salamanque pour visiter un élevage de Toro Bravo. La « saloperie » de corrida, comme tu l’as nomme, commence ici. Les 99,99 % s’y passent aussi. Si tu prenais la peine de venir, tu verrais l’immensité des espaces ou vit celui que nous considérons comme le plus bel animal du monde. Tu verrais la passion des éleveurs et l’amour qu’ils donnent au quotidien à leurs bêtes. On t’apprendrait aussi que pour 1 seul Toro qui aura l’honneur de défendre les armoiries de son élevage dans une arène, 9 autres vies animales voient le jour.
Tu comprendrais peut-être aussi que depuis de trop nombreuses années des gens comme toi se trompent grandement. Sous couvert d’intentions louables au départ, nombre de personnes s’enrôlent dans des mouvements bien plus violents que les idées contre lesquelles ils luttent. Et pour cela, tous les arguments sont bons. Mêmes les faux. Surtout les faux. Devant le déversement infernal de haine qu’a provoqué un énième mensonge, te rends-tu comptes que plusieurs journaux ont été tenus d’expliquer que non, « Provechito » n’avait pas été pendu suite à ce coup de corne d’Aire sur Adour?
Viens au Campo un matin… A l’aube, au détour d’une prairie couverte du violet que répand la vipérine, tu passeras peut-être le long d’un ruisseau ou s’abreuvent de temps à autres des veaux, des marcassins ou même des lynx. L’herbe encore humide et le romarin, parfumeront ta visite. Un lièvre te filera entre les jambes. Mouches et moustiques accompagneront de temps à autres ton voyage. Un oiseau te sifflera la bienvenue. Des écureuils se disputeront un gland sous tes yeux. Des papillons voleront de fleurs en fleurs. En haut d’une colline, tu apercevras un Toro se frottant le dos contre un grand chêne. Et même de loin, tu verras ce que te fais l’effet d’un tel animal...
Frédéric, les vrais défenseurs des animaux, c’est nous. Les vrais écologistes, ils sont dans notre camp. Nous sommes les vrais amoureux de la nature. Il n’est jamais trop tard pour se rendre compte de ses erreurs. Jamais trop tard pour apprendre sur la question et se cultiver avant de chanter des bêtises. Tu es écouté et en agissant ainsi tu entraines du monde dans ta méconnaissance et la violence de tes propos. Tiens d’ailleurs, je reconnais volontiers une faute : Il n’y a d’ailleurs pas de camp d’en face. Nous sommes tous des hommes. On habite tous la même planète. A nous d’en prendre soin pour le bien de nos enfants. A nous de lutter pour leur laisser un monde propre et surtout en paix. A nous d’essayer de nous comprendre plutôt que de nous désigner tour à tour comme les bons et eux là-bas comme les mauvais. Libre à toi de montrer ta grandeur d’esprit en faisant ce voyage ou non.
Rends-toi dans n’importe quelle ganaderia. Tu y seras le bienvenu. Sois ouvert au monde et respectueux, tu entreras partout. A l’issue de cela, je te parie une guitare toute neuve que ton avis aura sensiblement évolué. Je doute que ton humour y gagne grand-chose mais à l’évidence, tu porteras un tout autre regard sur Ivan Fandino.
Salutations.
Un aficionado parmi tant d’autres…

La Médiatrice Radio France vous répond
27/06/2017 - 12:28

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