Monsieur,

En quoi l'émission "La dispute" appartient-elle encore au service public ?
Les journalistes y semblent totalement déconnectés de la réalité vécue par les Français : savent-ils qu'un enseignant du public en lycée n'a pas les moyens d'acheter un livre de la collection "La pléiade " ? Leur discours est juste affligeant à l'égard du monde et je ne parle même pas de Jack London, dont le seul intérêt serait l'écriture, autrement dit dont la signification politique est rayée d'une envolée de paroles absconses.
J'en ai assez de payer des impôts pour entendre ce mépris pour ceux qui tentent, s'égozillent à travers leur écriture à faire entendre le monde.

Lamentable entre soi.

La Médiatrice Radio France vous répond
07/12/2016 - 15:30

Voici la réponse d’Arnaud Laporte :

« Chère Madame,

j’ai reçu votre courriel avec toute la violence que vous avez jugé bon d’y mettre.
J’ai l’honneur et la charge d’animer des émissions sur France Culture depuis de très nombreuses années, et pour moi faire de la radio est un acte militant, de défense du service public.
Je ne sais si vous avez souvent eu l’occasion de l’écouter, mais La Dispute, et je m’y attache quotidiennement, parle de tous types de lieux, de tous types d’artistes, de tous types d’esthétiques, de tous lieux du territoire. J’ai conscience de m’adresser chaque soir à des auditrices et auditeurs de tous horizons, et rien ne me dérange plus que « l’entre-soi », auquel je suis allergique. Mes « chapeaux » de présentation de sujets ont toujours pour vocation de donner les informations de base nécessaires pour pouvoir suivre au mieux la discussion critique, et je ne laisse jamais passer une phrase comme « tout le monde connait… », « tout le monde sait… », « inutile de présenter… », car je pense que c’est excluant pour l’auditrice ou l’auditeur qui n’a pas les clés d’entrée.
Je sais bien que la thématique de la « déconnexion » est à la mode, mais je me sens pas particulièrement visé.

Par ailleurs, mon père a été professeur de lycée toute sa carrière, et s’est régulièrement acheté des Pléiades, dès qu’il le pouvait. Je me souviens même qu’un des premiers cadeaux que je lui ai fait, quand j’ai commencé à gagner ma vie, a été un volume de la Pléiade.
Concernant Jack London, si nous avons parlé de son écriture, car il s’agit d’une émission de critique littéraire, nous avons bien sûr également évoqué son engagement politique. Peut-être avez-vous raté ce passage.
Mais surtout, nous avons parlé des Pléiades dans la séquence du « Petit Salon », et les avis échangés sur cette collection étaient pour le moins divers.
Si nous avons parlé de Jack London, c’est à l’occasion de la publication en poche de « Martin Eden ». En effet, nous parlons chaque semaine dans La Dispute d’un livre en édition de poche, justement parce qu’il n’y a pas que les Pléiades qui coûtent cher, et que le poche est un moyen bien plus répandu d’accès à la littérature.

J’ai donc du mal à comprendre de quel mépris vous parlez concernant mon émission.
Bien à vous,
Arnaud Laporte »