Lorsque dans la Fabrique médiatique consacrée à la couverture des catastrophes naturelles, Caroline Broué met en parallèle l'intérêt que les médias ont porté aux catastrophes américaines et la quasi absence de traitement dont ont fait l'objet celles survenues en Thaïlande, en Inde ou au Sierra Leone, Vincent Giret met en avant la théorie du mort/km ... Et personne ne réagit ! L'argument est pourtant totalement hors de propos : le bilan humain au Sierra Leone est incomparablement plus important et ce pays est moins éloigné que les Etats-unis ; l'Inde ou la Thaïlande ne sont guère plus éloignées que l'Amérique. Le critère qui me saute aux yeux pour ma part, ce n'est pas notre éloignement géographique mais notre éloignement mental ; dit autrement, notre indifférence vis à vis de de populations non francophones et au pouvoir économique négligeable au regard du nôtre.

La Médiatrice Radio France vous répond
13/10/2017 - 15:36

Cette théorie dite du « mort/kilométrique », qui peut choquer des non-professionnels, est en effet une base journalistique pour les choix que nous sommes obligés d’effectuer chaque jour. Nous sommes en effet confrontés à une masse d’informations du monde entier que nous ne pouvons matériellement pas traiter. Evidemment, il n’existe pas un « barème » du « mort/kilométrique ». D’autant qu’entrent également en ligne de compte des proximités culturelles, sociales, etc. Ce que vous appelez « un éloignement mental ». De plus, s’il y a simultanéité des événements, le choix de la « proximité » s’impose également. Il est plus facile d’intéresser un auditeur, un téléspectateur ou un lecteur à ce qui se passe aux Etats-Unis, en Italie ou en Espagne qu’au Sierra Leone ou au Bangladesh. On peut le déplorer, mais c’est une réalité. Nous en tenons compte, mais cela ne nous empêche pas d’évoquer ce qui se passe dans ces pays « éloignés », simplement de façon moins détaillée.