Arrêtez de couper en permanence vos invités… Cessez d’être agressifs avec les politiques… Voilà en quelque sorte résumés la majorité des très nombreux messages que vous nous avez adressés depuis la rentrée.

Ce sont plusieurs centaines de messages qui nous sont parvenus à propos du « traitement » des invités à l’antenne, et plus particulièrement des invités politiques. Sont directement concernées les interviews des matinales de France Inter, de l’émission politique des matinales de franceinfo et du dimanche midi de France Inter (également sur le canal TNT de franceinfo).

L’agressivité des journalistes

Un constat évident dans les remarques : un très grand nombre d’auditeurs ne supportent plus une forme de brutalité des interviews qui se caractérise le plus souvent par la parole coupée :

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Evidemment, les journalistes vont répliquer – pas forcément à tort – que la plupart du temps, les hommes (et les femmes) politiques sont spécialistes de la langue de bois ou des « non-réponses ». Il faut donc régulièrement les « recadrer » pour tenter d’obtenir des réponses concrètes et non des généralités. Et ce, évidemment, dans l’ intérêt des auditeurs qui espèrent obtenir des informations, des précisions ou une position claire. Mais comme le dit l’un d’entre vous :

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Le droit de suite

Longtemps, il a été reproché aux journalistes, notamment aux journalistes politiques, une forme de connivence. On posait des questions, mais pas trop embarrassantes. Le questionnement à l’anglo-saxonne, plus nerveux et plus approfondi, était souvent donné en exemple. Nous y sommes venus, avec, également, ce droit de suite longtemps ignoré en France, qui consiste à rappeler des citations anciennes, des actions ou des engagements passés, voire des mensonges, afin de placer son invité face à des contradictions, des incohérences ou des malhonnêtetés intellectuelles… Tout-à-fait d’accord, êtes-vous nombreux à répondre, mais « une réponse de plus de deux phrases n’est pas forcément de la langue de bois. Est-il possible d’obtenir des réponses précises tout en restant audible et poli ? ».

La question ou la réponse ?

Pour plusieurs d’entre vous, nombre de journalistes attacheraient plus d’importance à leurs questions qu’aux réponses :

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Et vous avez aussi cette sensation que certains journalistes ne supportent pas d’entendre une réponse qui n’est pas celle qu’ils attendaient :

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Les « petites phrases »

Vous êtes nombreux également à reprocher aux journalistes de rechercher systématiquement la « petite phrase », celle qui fera le « buzz ». Et vous détestez par-dessus tout « l’éternel « avez-vous un commentaire à faire sur le commentaire qu’a fait machin à propos de la déclaration de truc ? ». Ou dit autrement : « Je trouve atterrant les questions qui se focalisent sur le commentaire de telle intervention ou telle phrase d’un autre candidat. En quoi cela fait-il avancer le débat ? ». Et de conclure très sagement : « Si on ne pousse les gens qu’à se tirer dans les pattes à coup de petites phrases, la politique n’avancera jamais et l’abstention continuera de gagner ».

Les programmes plutôt que les commentaires

En fait, pour la plupart d’entre vous, le plus important, le plus intéressant, ce n’est pas la politique politicienne avec ses déclarations à l’emporte-pièce ou ses règlements de compte. Non, c’est tout simplement de connaître les positions des hommes politiques, leurs propositions, leurs projets… Et que les journalistes fassent leur travail de questionnements, de mise en doute, de vérification des déclarations…

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Des réflexions de bon sens adressées aux journalistes… Mais il serait temps également que leurs interlocuteurs acceptent de « parler vrai », de respecter les auditeurs, et donc les électeurs, et redonnent ses lettres de noblesse à la politique.

Bruno DENAES

Médiateur des antennes