On parle de la musique sur l’antenne de France Inter avec Jocelyn Perrotin et Rebecca Manzoni

Peut-être faites-vous partie des 127 109 participants à la vaste consultation citoyenne #MaRadioDemain #MaTéléDemain lancée en octobre dernier par Radio France et France Télévisions avec Ipsos. Vos réponses, plus de 400 000 verbatims exploités, ont permis de recueillir vos attentes pour la radio et la télévision. La thématique de l’information a suscité le plus de réponses, suivie par la musique et la culture pour Radio France.

La musique sur France Inter suscite beaucoup d’appétit, de fantasmes, d’interrogations.

Subissez-vous des pressions ? Avez-vous des contreparties des maisons de disques ?‌ Etes-vous payé pour écouter de la musique toute la journée ? Sur quel critère un artiste est choisi pour passer sur l’antenne ? Est-ce qu’il y a du copinage ?
Des interrogations et des critiques également : Pourquoi faut-il qu’un chanteur soit mort pour qu’on l’entend enfin sur l’antenne ? Pourquoi autant de titres en anglais ? Ce matin levons le voile sur tout ce mystère. Je vous propose tout de suite de lever le voile sur ce mystère

Pour répondre à toutes ces questions, en studio un homme que vous ne connaissez pas, que vous n’entendez jamais sur l’antenne et pourtant ! Pourtant c’est le chef d’orchestre de France Inter, celui qui laisse les artistes prendre la lumière, qui dirige la partition musicale de la station : Jocelyn Perrotin, le directeur de la musique. A ses côtés, une voix de la matinale. Plus de 2 millions d’auditeurs  l’écoute dans la matinale entre l’édito carré et le journal de 7h30, une voix pleine de suavité avec des accents d’espièglerie. Vous aurez évidemment reconnu Rebecca Manzoni, chauffeuse de salle mercredi soir du concert triple affiche au studio 104.
France Inter accompagne depuis toujours les artistes qui font l’actualité musicale et leur accorde des soirées exceptionnelles à l’antenne, souvent en direct et en public. C’était le cas avant-hier soir au 104 avec Angèle, Chilly Gonzales et Bertrand Belin

Quelle plus-value ce type événement apporte à la chaîne ?

C’est une manière d’aller chercher un public, de mettre en valeur nos choix éditoriaux (rajeunir le public, conquérir un nouveau public, faire connaitre les artistes de demain, être prescripteur). Cela explique un ce qu’est France Inter avec un Chilly Gonzales qui a une réputation mondiale. Un Bertrand Belin qui est un partenariat, on lui offre une lumière un peu particulière. Puis Angèle, le phénomène du moment qui donne une soirée un peu composite, qui explique ce qu’est la musique sur France Inter aujourd’hui.

Sylvie, une auditrice nous écrit : « Je ne comprends pas qu’une banque donne le « La » aux concerts de France Inter.
Que vient faire l’univers bancaire dans l’univers artistique et musical d’une chaine de service publique ? »

Grâce à cette banque on arrive à faire des concerts, qui ont des coûts. Grâce à cette banque on pourra repartir à l’Olympia pour la prochaine fête de la musique. Les salles ont un coût, les techniciens et le personnel aussi. Cette banque a la politique d’investir dans la musique. heureusement qu’elle est là !

Qu’est ce qu’elle a de singulier cette chanteuse, Clara Luciani ?

C’est une artiste qu’on a repéré depuis le début, résidente dans l’émission de Didier Varrod le vendredi soir dans « Foule sentimentale ». Un grand nombre d’artiste ont démarré chez Didier (Eddy De Pretto, Juliette Armanet…).

Autre artiste qui pour vous symbolise bien Jocelyn Perrotin France Inter, Bertrand Belin, là on note que vous avez choisi deux artistes qui chantent en français or le reproche le plus fréquent dans les messages que je reçois c’est que l’antenne est beaucoup trop ouverte aux artistes anglo-saxons et en particulier américain.

« Il manque cruellement de chansons françaises dans les émissions », souligne un auditeur. « Oui, nous sommes submergés par la vague anglo-américaine, au détriment des autres styles, des autres langues (latines en particulier)…pourtant, la variété francophone est riche et de qualité – mis à part certaines tendances actuelles sans queue ni tête. S’il vous plaît : dans la mesure où vous le pouvez, modifiez cette tendance et revisitez les textes de Barbara, Piaf, Greco, les Frères Jacques, Trenet, Brassens, Brel, Ferré, Ferrat, Bécaud, Aznavour, Nougaro, Reggiani, Salvador, Béart, Moustaki, Mouloudji, Boby Lapointe, Adamo, Amont, Félix Leclerc, Vigneault, Morane, Boulay, …et bien d’autres plus récents Cordy, Croisille, Nicoletta, Vartan, Birkin, Aubret, Juliette, Zazie, Ruis, Paradis, Montand, Le Forestier, Perret, Gainsbourg, Renaud, Bruel, Antoine, Higelin, Jonasz, Lama, Delpech, Chédid, Lenorman, Aubert, Bachelet, Benabar, Bashung, Grand Corps Malade, Balavoine Essayez de tenir compte de l’excellence française, européenne, américaine du sud…Je vous prie instamment de prendre au sérieux l’expression de ce refus très ferme de la tendance à abolir de plus en plus l’usage de notre belle langue…de s’incliner devant l’envahissement de l’anglophonie »

Autre message, il est signé Eric : Est-il possible de connaître les pourcentages de chansons anglaises, françaises, espagnoles etc.. diffusés sur l’antenne de France Inter durant l’année 2018. Seuls des chiffres  permettraient de dissiper une impression que la chanson anglophone est dominante sur vos ondes.

Comment définir l’identité musicale de France Inter ?

J’encourage les auditeurs à aller consulter la playlist de France Inter  disponible sur le site de France Inter. 40 artistes français et 40 artistes étrangers. La musique du patrimoine existe aussi sur l’antenne, il n’y a pas de jeunisme (le dernier album de Françoise Hardy et Bernard Lavilliers sont aussi présents).

Ce n’est pas interprété en anglais mais ça fait aussi saigner les oreilles de certains auditeurs : la musique « urbaine »

Alors les critiques qui s’élève contre la musique urbaine sont nombreuses : c’est vulgaire, c’est grossier, c’est violent. Votre avis sur le sujet en tant que professionnel de la musique ?

La pop urbaine représente 60 % du marché français. On ne va pas devenir une radio hip hop mais il faut montrer qu’on est dans l’air du temps. La musique d’expression urbaine en fait partie.

Est-ce qu’un choix musical c’est une manière de donner une coloration particulière à l’époque, de revendiquer ce que l’on veut faire dire de la société dans laquelle on vit ? C’est une bande son de l’époque de traduire l’époque

Rebecca Manzoni : Il y a aujourd’hui vis à vis du rap, un discours qui était tenu vis à vis du rock dans les années 50. Il y a cette même condescendance alors qu’elle est déjà vieille de 30 ans. Elle a des facettes très diverses

Des auditeurs estiment qu’il y a trop de musique urbaine et d’autres regrettent qu’il n’y ait pas assez de musique du monde. C’est le point faible de la programmation ?

Il faut trouver des titres qui peuvent être diffusé sur l’ensemble de la grille.

Pop and co le labo la chronique de Rebecca Manzoni a trouvé aussi une déclinaison numérique

Radio France valorise les nouvelles écritures, les podcasts natifs, cela apporte aussi une nouvelle liberté cela permet d’être créatif (MALA VIDA de la mano negra diffusé  a enregistré plus d’un demi million de vues en une semaine)

 

Quel est le slogan de cette collection de vidéo ? La vidéo qui vous permet d’entrer dans les coulisses du refrain des chansons. On y entre par le biais du multipiste.

Revenons à Pop N Co : Comment s’inscrit une chronique musicale dans une tranche d’information, comment on installe ce moment singulier ?

Tranche d’information importante, qui est une vitrine qui peut porter les choix éditoriaux de la chaîne sur les choix musicaux.

Plusieurs humoristes de France Inter ont leur fan club sur twitter, reconnaissance ultime du talent, et vous n’y échappez pas. Votre fan club sur twitter s’appelle ? : les Manzouzes

Les hommages aux artistes morts 

« Un immense merci à toute l’équipe pour cette merveilleuse émission du Grand Atelier sur Michel Legrand, c’était extraordinaire ! »
« Chers tous de France Inter, Vous êtes imbattables pour les hommages rendus à tous ceux qui nous sont chers…
Merci pour ces pépites,  j’ai grandi avec les Parapluies, les Demoiselles et tant d’autres chefs-d’œuvre… »
Chaque disparition d’un artiste qui compte s’accompagne d’un hommage sur l’antenne. Et cela suscite des messages de différentes natures chez les auditeurs. Des louanges je viens de vous en lire mais aussi de vive critiques.
Comme celle de Patricia, je vous cite son message : L’indignation de Patricia rejoint celle d’une autre auditrice Anne

Jocelyn Perrotin : Voyez-vous dans ces critiques un procès d’intention ?

Il y a des artistes historiques de la chaîne, comme Higelin, David Bowie, … Aznavour a toujours été un artiste joué. Passer des chansons qu’on n’entend pas ailleurs, sauf pour Johnny Hallyday. Nous sommes un réceptacle de la société, il est normal de lui rendre hommage.