Campagne des européennes : les craintes d’une nouvelle cyberattaque russe

Jacques Monin répond aux questions des auditeurs, au micro de la médiatrice des antennes, Emmanuelle Daviet.

 

Une enquête de Philippe Reltien, cellule investigation de Radio France

La menace d’une ingérence russe plane-t-elle sur les élections européennes ?

Vous êtes suspecté de relayer ce que des auditeurs apparentent à de la propagande gouvernementale

«  Je trouve les émissions de France Inter majoritairement très intéressantes et bien réalisées mais elles ont tendance parfois comme les chaines de télévision nationale à propager des informations orientées en faveur du gouvernement » écrit Maximilien

C’est exactement l’inverse. Nous avons relayé le discours dominant qui consiste à dire que la désinformation vient majoritairement de la Russie et qu’à l’approche des élections européennes on s’attend à des intrusions massives, un développement de fausses nouvelles via les réseaux sociaux. En enquêtant, on a appris que la désinformation en provenance de la Russie, cela existe. « La fameuse ferme à trolls » de Saint Petersbourg très active pendant la campagne des présidentielles aux Etats Unis, existe bien. C’est documenté par des universitaires, par exemple FrançoisBernard Huyghe directeur de recherche à l’IRIS, spécialisé sur la communication, la cyberstratégie et l’intelligence économique…
Si vous avez écouté la suite de l’enquête, rien de permet de dire que cette ferme a été active en France, ce qu’on a identifié c’est plutôt une « russosphère », une nébuleuse dans laquelle il est extrêmement difficile de qualifier les choses. Rien ne permet de dire que les russes sont à l’action. 200 comptes alimentés par cette russosphère ont été actifs pendant la crise des Gilets jaunes. Mais jusque-là, cela n’a eu aucun effet sur les résultats d’une élection ou d’un référendum (exemple pour l’élection de Donald Trump).
On ne relaie pas la propagande gouvernementale et on relative l’influence russe en documentant tout cela.

L’influence russe

« Je suis désespéré que la Russie soit accusée de tout et de n’importe quoi. La Russie n’a aucun intérêt à influencer les élections européennes. Et de toute façon Vladimir Poutine cherche le dialogue avec l’union européenne et à avoir de bons rapports malgré les sanctions. Beaucoup de personnes sont naïves et croient vraiment n’importe quoi. » écrit Lucien

Il ne faut pas nier la réalité de l’existence des blocs : l’Europe d’un côté, la Russie de l’autre. Plus l’Europe sera faible, plus la Russie sera forte. Les Etats-Unis font le même constat : le Brexit intéresse Donald Trump parce qu’il affaiblit l’Union Européenne. C’est le jeu des équilibres.
Non, on n’est pas tous sur le dos de la Russie ! Les reproches qu’on peut faire à la Russie, il faut aussi les reporter sur les pratiques des Etats-Unis (exemple avec Snowden).
La fake new on la retrouve partout, notamment dans l’affaire Wavai. Pourquoi les Etats-Unis ont intérêt à véhiculer l’idée que nous serions espionnés par Wavai, parce que cette société a beaucoup d’avance sur eux. Et on en revient à la géopolitique. La désinformation fait partie aussi d’une forme de stratégie à laquelle tout le monde se livre.

Les Gilets Jaunes

Dans cet ordre d’idée un auditeur, Enki, écrit : « Comme si les gilets jaunes existaient et continuaient par ordre de Moscou »

On s’est aperçu que durant la création des Gilets jaunes, il y a eu la création de ces 200 faux comptes sur lesquels on s’est interrogé. A aucun moment, il n’a été dit que ces 200 faux comptes avaient générés les Gilets jaunes, c’est plutôt l’inverse. C’est un contresens d’attribuer le mouvement des Gilets jaunes à la « russosphère ». On a fait le même contresens avec l’affaire Benalla. Des personnalités particulièrement réceptives au message russe à travers les médias russes ont trouvé un intérêt à commenter cette affaire.