Les temps de parole politique : décryptage avec Frédéric Barreyre, directeur de la rédaction

Sur France Culture, la parole du gouvernement serait-elle trop présente ou, à l’inverse, celle de la France Insoumise ? Dans les deux cas – bien opposés -, des auditeurs le pensent et nous l’écrivent. Un éternel sujet de mécontentement avec les militants de tout bord, souvent intolérants lorsqu’il s’agit d’écouter un avis différent du leur. Alors, entend-on trop les ministres et les élus de « la République en marche » ? En démocratie, il est normal que la majorité dispose d’un temps supérieur.

On aurait dû même les entendre plus, selon les nouvelles règles en vigueur dictées par le  CSA.
Exemple, avec l’abandon du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, on a beaucoup entendu le premier ministre et c’est normal, puisque c’est lui qui a fait l’annonce. C’est souvent la majorité qui donne le « la » de l’actualité.

Avec l’élection d’Emmanuel Macron, les codes gauche-droite ont été cassés. Sans compter que, dans certains partis dits d’opposition, existaient des soutiens au gouvernement.
Comment s’y retrouver pour les équilibres sur l’antenne ?

Effectivement les partis classiques ont éclaté avec des courants, de nouvelles formations sont apparues au PS, chez les Républicains, au Front National. L’ancien monde du temps de parole politique a volé en éclat.

Depuis le 1er janvier, le CSA impose un nouveau système de comptabilité des temps de parole. Quels sont les changements ?

Il n’y a plus de majorité ni d’opposition. Il y a aujourd’hui l’exécutif et les partis. L’exécutif bénéficie d’1/3 du temps de parole et toutes les formations politiques (donc l’opposition) bénéficie des 2/3 : sur 1 heure de temps de parole politique, l’exécutif bénéficie de 20 mn et les partis de 40 mn
Il faut tenir compte de plusieurs facteurs pour cette comptabilité : les résultats des dernières élections, le nombre d’élus, l’importance des groupes parlementaires, les sondages. C’est le principe de l’équité. Tous les partis politiques doivent bénéficier d’un temps de parole, car c’est la démocratie.
Tous les trois mois, chaque rédaction doit effectuer un bilan à remettre au CSA (les temps de parole sont notés à la seconde près).

 

Les Matins de France Culture consacrés au dossier de Notre-Dame des Landes.

Réactions d’auditeurs à l’émission de Guillaume Erner « Un parti pris délibéré en faveur des opposants à l’aéroport »,  dit Philippe. Marie ajoute : « Beaucoup de complaisance à l’égard des Zadistes et de leur occupation ». Et Eric résume le sentiment partagé : « Pas d’équilibre de l’information. Seuls les opposants à l’aéroport ont pu s’exprimer ».

Qu’en est-il des partisans de la construction du nouvel aéroport ?

C’est un parti pris d’avoir donné la parole aux zadistes, répond Guillaume Erner. J’ai repris dans ma voix la totalité des arguments en faveur de l’aéroport, en pensant qu’ensuite, chacun se ferait son opinion. Sur France Culture, la Matinale n’est pas un lieu de polémique.