Quel est le rôle la médiatrice des antennes de Radio France, première femme nommée à ce poste pour succéder à Bruno Denaes

Sibyle Veil a une ambition forte quant au renforcement du lien entre la Maison de la radio et ses auditeurs. Je lui ai proposé un projet qui vise à renouveler et intensifier ce lien. Et cela passe par les rencontres, le dialogue, et l’échange entre les rédactions, les programmes et  les auditeurs et auditrices tous nos publics à Paris et en régions. Nous allons donc en concertation avec les différentes antennes organiser ces rencontres et ces débats pour favoriser la proximité et l’échange

Est-ce que la médiatrice de Radio France reçoit beaucoup de mails ?

Oui alors le chiffre est assez vertigineux. En moyenne 10 500 par mois.Mais ce mois ci nous en comptabilisons 13 000. Ils sont tous lus et, dans la mesure du possible, traités.

Quels sont les sujets qui ont suscité le plus de courriers au mois de septembre ?

La séquence démission de Nicolas Hulot, Le nouveau Jingle de France Inter, La parole interrompue de Pierre Laurent, L’invitation faite à Eric Zemmour

Pour en parler Laurence Bloch, la directrice de France Inter et Ali Baddou producteur du « Grand Face à Face »

Trois jours après la rentrée des grandes radios généralistes, le match des matinales était plié avec l’annonce fracassante de la démission de Nicolas Hulot sur France Inter. Comment avez-vous vécu cette séquence ?


 

Comme tous les auditeurs, d’abord dans la sidération. C’est la première fois qu’un homme politique, ministre annonce sa démission en direct à la radio. Moment important pour le pays, vécu avec beaucoup de gravité. Catherine Nayl la directrice de l’information a tout de suite décidé de faire une édition spéciale. Entretien sous tension de 50mn mené par Léa Salamé et Nicolas Demorand.  L’intervention de Nicolas Hulot a été à la fois une leçon d’histoire politique  et un témoignage très personnel qui nous a tous beaucoup marqué.

Après ce moment politique, ce moment de radio, il y a eu « le service après-vente »  de ce moment de radio assuré par Léa Salamé et Nicolas Demorand. Pourquoi avoir fait cette vidéo?

On a récolté l’inverse que ce qu’on espérait. Quand il y a un moment comme celui-là en radio, on n’imagine pas la pression que cela représente, d’abord pour les deux « conducteurs » qui sont face à un imprévu. Ensuite toutes les télés appellent surtout pour parler des coulisses « est-ce que vous saviez ?… ». C’est pourquoi, il a été décidé de faire cette vidéo pour que Nicolas et Léa s’expriment sur ce moment. Et il y a eu une vraie maladresse de la part de Léa que personne n’a rattrapée. On se serait bien passé de ce buzz bien involontaire. L’honneur d’Inter c’est de ne pas récupérer ce moment. (6 millions de vue pour cette vidéo)

La rentrée de France Inter a été également marquée par des arrivées : 

Pierre Haski dans la matinale à la place de Bernard Guetta, c’était absolument naturel de lui confier la chronique géopolitique de France Inter car il travaille cette matière depuis 30 ans, il a arpenté la planète : correspondant pour l’AFP, Libération.

Et Les lumières dans la nuit d’Edouard Baer

C’est un funambule radiophonique de génie, un homme très cultivé avec beaucoup d’intérêt pour les gens.

 

Les jingles
Nouveau jingle et de nombreux commentaires notamment d’auditrices : Maria- Pia nous écrit : « Depuis la rentrée l’habillage sonore a changé et on ne s’y fait pas. Mon fils de 12 ans réclame que je vous fasse un mot en ce sens aussi je m’exécute. »
Isabelle nous adresse ce mail : « Comme bon nombre d’auditeurs qui vivent autour de moi, je voulais vous signaler que nous n’approuvons pas du tout le choix de la nouvelle virgule depuis la rentrée, nous n’y retrouvons pas l’identité de notre France Inter préférée. En espérant que cette démarche puisse susciter un changement. »
Est-ce que ces mails ont suscité un changement ? A quelle fréquence décidez-vous de changer un habillage d’antenne ? Et pour quelles raisons?

On a changé l’habillage des matins et ce qu’on appelle l’indicatif de chaîne qui vient rythmer l’antenne toutes les demi-heures. Si on ne le fait pas, il y a du Dissensus entre les programmes qui ont changé et la couleur de l’antenne. Nos oreilles ont suffi à nous faire considérer que ce n’était pas tout à fait au point, donc on a restauré l’indicatif de chaîne mais on a gardé le nouvel habillage, et depuis nous n’avons plus de commentaire.

 

 

La présence d’Eric Zemmour dans le grand face à face animé par Ali Baddou
C’était le 15 septembre dernier et cela a suscité une avalanche de réactions de la part des auditeurs

« Que s’est-il passé pour que Zemmour soit sur Inter. Ce n’est pas digne du service public » estime l’un d’eux

Comment recevez-vous ce point de vue Laurence Bloch ?

Eric Zemmour vend des ouvrages à des centaines de milliers d’exemplaires, c’est une réalité. On a fait attention à ce que ce ne soit pas une zone de combat mais une zone de débat. C’est le principe même du Grand Face à face, qui est du débat d’idées avec du temps long, sans chercher le buzz et le clash. C’est l’honneur du service public que de savoir travailler avec la raison et pas seulement l’indignation.

« Au sujet d’Eric Zemmour,  je pensais, écrit Yvonne ,qu’il était plus ou moins exclu de la liste des invités possibles de France Inter. »

Existe-t-il des persona non grata sur l’antenne ? Non 

Que répondez-vous à un auditeur qui écrit : «  Je souhaite ne plus jamais entendre Monsieur Zemmour s’exprimer sur l’antenne de France Inter »

C’est la fondation même d’une société démocratique que d’accepter la confrontation d’idées même si on les déteste.

Philippe pose cette question simple : « comment peut-on penser qu’un débat soit possible avec ce type d’individu ? »
Ali Baddou répond aux auditeurs :

Très bonne question, que les journalistes se posent aussi. Les auditeurs ne sont pas passifs derrière leur radio. Mais au contraire, Natacha Polony et Raphaël Glucksmann lui ont apporté une vraie contradiction. Ils sont allés au fond des choses, ils avaient lu son livre. Il y a eu de vrais moments révélateurs de la pensée et de la stratégie politique d’Eric Zemmour : sa volonté de faire sauter les barrières entre deux droites (la Droite et l’extrême Droite), de ce point de vue c’est un idéologue qui méritait d’être reçu dans le Grand Face à Face.

 

Suite à cette avalanche de mails vous avez répondu par écrit aux auditeurs chacun peut d’ailleurs lire votre texte sur le site. Vous citez l’argument numéraire pour expliquer l’invitation : « Eric Zemmour vend ses livres a des centaines de milliers d’exemplaires et l’ignorer serait une faute ».
Pourquoi cela constituerait une faute ? Où se situe la responsabilité ?

A propos du nombre de livres vendus, cela veut dire que sa pensée rencontre un écho. Ses idées existent dans le paysage, et le rôle de cet espace de débat que constitue cette émission c’est de mettre en discussion les différentes idéologies et il se trouve que la sienne en est une.

Aurélien a une suggestion : « Pourquoi ne pas inviter des historiens, des sociologues ou simplement des personnes honnêtes dans leur raisonnement au lieu de faire venir des produits médiatiques qui manipulent l’histoire pour la faire concorder à leur idéologie ? »

On invite aussi des historiens, des sociologues, des intellectuels, mais on reçoit aussi des gens qui ont des sensibilités qui peuvent choquer.

Dans quelles conditions sont réalisées vos émissions ?

Elles sont toujours dans les conditions du direct, pas de montage. On garde l’intégralité de ce qui a été dit au micro, c’est une forme d’honnêteté vis à vis de nos invités et de nos auditeurs.

 

L’émission avec Pierre Laurent nous a valu un courrier très abondant.

Le principal reproche formulé par les auditeurs : avoir systématiquement coupé la parole à Pierre Laurent.
Marianne, une auditrice, qualifiant même le procédé de « stratégie de déstabilisation consciente ».


 Pourquoi arrive-t-il que des journalistes coupent la parole à un invité ?

Il n’y a aucune stratégie ni arrière-pensée. Quand on interrompt un invité, c’est justement parce que les journalistes se mettent à la place de l’auditeur, car Pierre Laurent ne répondait à leurs questions, il refusait de répondre à leurs questions, il esquivait la question posée à savoir : son rapport à Jean-Luc Mélenchon et aux Insoumis.

 

Emmanuelle Daviet lit la lettre d’Adélaïde qui remercie France Inter et toutes les équipes pour leur travail