La diffusion d’une enquête sur Ségolène Royal dans l’émission Secrets d’Info samedi 16 novembre a fait réagir les auditeurs. Il y était question des activités de l’ancienne ministre de l’environnement et de son utilisation des moyens mis à disposition par le ministère des affaires étrangères.

Pour répondre aux auditeurs, Sylvain Tronchet, auteur de l’enquête et journaliste à la Cellule investigation de Radio France, et Jacques Monin, directeur de la Cellule Investigation.

Pourquoi cette enquête ?

Une auditrice nous adresse ce message : « Bravo pour votre travail mais pourquoi avez-vous consacré une enquête à Ségolène Royal ? »

Jacques Monin : On a consacré une enquête à Ségolène Royal parce que nous avions toutes les raisons de penser que des questions se posaient autour de l’utilisation qu’elle faisait des moyens qui lui étaient alloués par le Quai d’Orsay. Des moyens en personnel, financiers.

A partir du moment où des questions se posent, notre travail, c’est d’enquêter.

Un auditeur autre s’interroge : « C’est curieux ce genre d’enquête qui n’existe que pour tenter d’écarter toute possibilité de candidature d’une adversaire potentielle à Emmanuel Macron »

Jacques Monin : Ce n’était pas du tout l’objectif de notre enquête. Nous avons enquêté parce que des questions se posaient autour de l’utilisation de l’argent public par une personnalité publique.

Encore une fois, notre travail c’est d’enquêter sur des personnalités publiques. Et ces personnalités nous intéressent à partir du moment où soit la communication qu’elles développent est en contradiction avec les actes qu’elles posent, ou il y a des questions qui se posent autour de l’utilisation de l’argent public.

La réponse de Ségolène Royal dans le 7/9 de France Inter le 20 novembre

Ségolène Royal est venue se défendre mercredi 20 novembre dans la matinale de France Inter.
L’ancienne ministre de l’Environnement a parlé à votre sujet d’insinuations calomnieuses. Elle envisageait, un temps, de porter plainte.
Comment vous prémunissez-vous d’un éventuel procès en diffamation ?

Sylvain Tronchet : Des questions ont été envoyées à Ségolène Royal, qu’elle a reçu comme une forme d’accusation. Or, c’est tout le contraire : ce sont des questions factuelles, libre à elle d’interpréter le sens des questions. Mais ce que nous attendions, c’était des réponses, nous n’en avons pas eu.

Jacques Monin : Poser des questions c’est donner l’occasion à la personne qui les reçoit d’y répondre et éventuellement de démentir des faits qu’elle considérerait comme faux.

Concernant la plainte, tout le monde a le droit de porter plainte, ce qu’on peut dire c’est qu’à l’instant T, on n’a rien reçu.

Sylvain Tronchet : Pour se prémunir d’un éventuel procès, on a pour soucis de respecter le cadre légal. Notamment en ce qui concerne les questions et la possibilité laissée à Ségolène Royal de s’exprimer : elle a été contactée trois semaines avant la publication de l’enquête. Ne répondant pas à nos demandes d’interviews, nous lui avons envoyé une liste de questions.

Avant même la publication de l’enquête, Ségolène Royal était informée de ce que nous allions publier et elle avait la possibilité d’y répondre. Elle a fait le choix de ne pas y répondre.

Ségolène Royal vous accuse de produire des faux témoignages.
Y a-t-il des faux témoignages dans votre enquête ?

Sylvain Tronchet : Évidemment, non. Ségolène Royal faisait référence à un témoignage anonyme. Il vient à l’appui d’autres éléments, documents factuels, vérifiables par tout un chacun. Le témoignage anonyme seul ne suffit pas à documenter les faits.

L’anonymisation des témoignages

Une question récurrente des auditeurs : pour quelles raisons anonymisez vous des témoignages ?

Jacques Monin : On anonymise des témoignages, mais ils ne sont pas anonymes pour nous. Il s’agit de personnes dont nous avons vérifié les identités, qui sont parfaitement légitimes à nos yeux, qui ont des fonctions. Ce sont des gens qui craignent parfois pour leur travail, pour les pressions qu’ils pourraient subir.

C’est très important pour nous de concilier à la fois, la préservation de nos sources, et à la fois la qualité et la légitimité de l’information.