Depuis mercredi, 1er février, nous sommes entrés dans la campagne pour la Présidentielle. Non pas la campagne officielle qui débutera en avril, mais la campagne contrôlée par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, avec toutes ses contraintes imposées aux médias. Pour les évoquer,  Jean-Marie Charon, sociologue, spécialiste des médias au micro du Médiateur

 

Les auditeurs interpellent régulièrement Bruno Denaes sur les temps de parole accordés aux femmes et aux hommes politiques.
Des temps que les antennes doivent équilibrer en permanence selon des règles très précises édictées par le CSA. C’est tellement complexe que Radio France est obligée de faire appel à une société extérieure pour assurer une comptabilisation parfaite dans toutes ses rédactions nationales.

Depuis le 1er février vient s’ajouter une comptabilité supplémentaire, celle concernant la Présidentielle.
Toutes ces règles et ces contraintes ne finissent-elles pas par brider les journalistes, voire la démocratie ? remise en cause du rôle de l’information et des journalistes qui est d’enquêter, d’analyser. La période est à la post-vérité, à la vérification des faits… Comment se comptabilise le temps passé au « fact-checking » ?  On voit bien qu’on se trouve alors dans un contresens.

Une contradiction à l’ère du Media Global
Ces règles ne touchent que l’audiovisuel, public comme privé (RTL, RMC ou TF1, par exemple, doivent s’y soumettre également); pas la presse écrite et encore moins tous les médias numériques. C’est une injustice et un contresens d’après Jean-Marie Charon. Pour s’informer, les publics aujourd’hui passent d’un média à un autre, sur différents supports (les réseaux sociaux, les moteurs de recherche, les différents titres de presse écrite… A quoi correspond donc cette comptabilisation ? C’est une obsession des politiques qui gardent une représentation de l’information comme si la circulation se faisait encore à sens unique.

La comptabilité du temps d’antenne
La nouvelle règle imposée par le CSA. (Dans l’affaire Pénélope Fillon : où va aller le temps de parole ?)
La réception de l’information dépend de celui qui la reçoit et du contexte. Cette nouvelle contrainte passe mal dans les rédactions, car elle va faire perdre beaucoup de temps en comptabilisation, en contrôle permanent des équilibres (en plus des temps de parole), mais aussi va assurer une surveillance tatillonne des journalistes, éditorialistes et spécialistes politiques…

La meilleure garantie pour qu’un débat public joue son rôle, est de donner le maximum de moyens aux journalistes pour exprimer leurs responsabilités.