Matthieu Mondoloni a couvert 8 manifestations de Gilets jaunes, lors des mobilisations qui ont lieu chaque samedi depuis le 17 novembre. Quelle est la spécificité des manifestations des Gilets jaunes ? Et comment est traitée cette actualité sur le terrain, semaine après semaine

 

 

Ce sont des manifestations assez imprévisibles,pour la plupart il n’y a pas d’autorisation en préfecture. C’est difficile de les couvrir parce qu’on ne sait pas d’où elles partent. Il faut parfois les chercher dans Paris.

Où réside la difficulté pour couvrir ce type de manifestation ? 

La principale difficulté est surtout la défiance à l’égard des journalistes. Il faut beaucoup discuter avec les gens pour pouvoir réaliser des interviews, leurs expliquer qu’on n’est pas contre eux, ni pour eux, on fait simplement notre travail. Quand il y a des débordements, c’est difficile de travailler car notre sécurité et la leur est en jeu.

Vous aviez une protection rapprochée ? Que pensez-vous du fait de devoir travailler avec des agents de sécurité ?

c’est la première fois en France, que j’ai dû travailler avec une protection rapprochée. Être obligé de travailler avec un agent de protection, en France c’est assez surprenant.

Qu’est-ce que cela dit du rapport avec la presse ?

On l’a vu il y a quelques jours avec les kiosques brûlés. Il y a une vraie défiance à l’égard des médias. La discussion s’installe la plupart du temps avec les Gilets jaunes mais il y a toujours cette impression que nous sommes des censeurs et qu’on ne peut pas dire la vérité. pour Radio France, ils font une analogie malheureuse entre Radio d’Etat et Service Public. Ils sont persuadés que le Gouvernement appelle les rédactions pour donner des consignes…

Dans la manière de travailler sur le terrain, avez-vous observé une évolution au fil des semaines ?

La défiance est moins forte qu’au début du mouvement. Aujourd’hui c’est plus facile d’aller vers les gens et de discuter avec eux.

Pourquoi parle-t-on de « violences en marge » ?

C’est une expression qu’on utilise souvent, pourquoi ? En étant sur le terrain, il faut reconnaître que les violences sont le fait de minorités, de petits groupes et pas du tout de la majorité des manifestants qui sont présents par exemple, sur les Champs Elysées. il convient de distinguer pour ne pas faire d’amalgame, une foule majoritairement pacifiste et des groupes de personnes violentes ou qui vont piller des magasins.

Réécoutez notre linguiste Jean Pruvost professeur émérite de Lexicologie, d’histoire de la langue française à l’université de Cergy-Pontoise explique le sens du mot.

« En marge de… », Jean Pruvost