La première partie de la longue campagne électorale qui s’est achevée à la veille du 1er tour de la Présidentielle a été marquée par une violence et une intolérance exacerbée. Les messages reçus par le médiateur ont souvent montré un déni complet des principes fondamentaux de la démocratie, à savoir la liberté d’expression. Des journalistes ont également été malmenés lors de reportages. Des agressions physiques, verbales ou psychologiques dénoncées dans une étude du Conseil de l’Europe consacrée au journalisme dans les 47 pays membres.

Nombre d’auditeurs, souvent très militants, nous ont adressé des reproches parfois violents sur le fait de diffuser les propos de candidats autres que celui qu’ils soutenaient. Ou accusaient nos journalistes ne pas avoir diffusé dans le journal de 7h un reportage du meeting de leur leader ; or, le reportage était diffusé à 8h… Ils n’admettaient pas non plus que nous fassions notre travail de journaliste, à savoir poser les « bonnes » questions (forcément non complaisantes) pour obtenir de vraies réponses qui apportent de quoi nourrir la réflexion des auditeurs.

De même, il nous a été reproché de vouloir nuire au candidat Fillon en évoquant l’affaire Pénélope ; or, les journalistes ne sont pas responsables du comportement peu respectueux des hommes politiques à l’égard des deniers publics. Les médias sont là pour informer et non pour s’auto-censurer, ni pour promouvoir n’importe quel candidat… Dans une démocratie, l’information doit pouvoir circuler librement.

Violence psychologique et cyber-harcèlement

A cet égard, l’étude publiée jeudi dernier par le Conseil de l’Europe est inquiétante. Elle révèle qu’un tiers des journalistes exerçant en Europe ont été victimes d’agressions physiques au cours des trois dernières années. Cela a d’ailleurs été le cas en France lors de meetings de Marine Le Pen et de François Fillon.

Par ailleurs, 69% des journalistes interrogés déclarent avoir été victimes de « violence psychologique » : intimidations, menaces, calomnies, humiliations… Le cyber-harcèlement est également dénoncé par 53% des journalistes : accusations de parti pris, attaques personnelles, campagnes de diffamation…

Enfin, 36% des journalistes ont indiqué que les pressions dont ils pouvaient faire l’objet les incitaient encore plus à résister à une forme de « censure ». Rassurant pour la démocratie

*Etude réalisée auprès de 940 journalistes européens entre avril et juillet 2016 par deux professeures de l’Université de Malte pour le Conseil de l’Europe.