Lettre à mon père
Hier, j’ai pensé, soufflé, crié « Je t’aime » peut-être un milliard de fois, pour que tu m’entendes dans ton sommeil. M’as-tu entendu ? J’essaie de t’entendre moi, surtout la nuit.
Il y a quinze jours seulement, on riait. Te voir soudain te dégrader, sans même pouvoir t’approcher, c’est ça, un film d’horreur. Tu ne riais plus. Tu n’étais plus capable de rien. 40 degrés, encore et encore. Foutue fièvre, baisse, je t’en conjure !
À travers la vitre, nous assistions à ta fulgurante déflagration, avec pour seule arme : le paracétamol. Et le soleil – si beau et intense, malgré la douleur. Mais tu ne voulais pas déranger les médecins, déjà débordés.
Puis, à l’hôpital, sous oxygène, tu nous as textoté : « J’ai traversé une nuit d’horreur, mais je vais mieux ». Tu reparlais d’évènements anodins, des cours à distance de Manu. La vie reprenait. Lueur d’espoir. Nous apprendrons plus tard qu’ils ont dû t’intuber après tes messages. C’est un choc.
Tout est irréel. Tous les matins, tous les soirs, toutes les heures, j’ai peur. Peur de ce qu’on va m’annoncer. Epée de Damoclès qui fait couler tant de larmes. « Il est stable ». Je m’accroche à ce mot « stable ». Stable. Il est stable.
Avec Manu et maman, nous t’avions écrit une lettre et choisi avec minutie une photo de nous, dissimulées dans les affaires que nous t’avions apportées. Mais tu n’as pas eu le temps de les voir. Tu voulais tes slips, ton manteau, ta brosse à dent… Aujourd’hui tu es en réanimation et tu n’utilises plus aucune des choses matérielles qui font de nous des humains. Ton corps est à l’arrêt. Mais tu as eu un lit.
Denrée rare et précieuse aujourd’hui.
La faute à qui ?
À tous ceux qui s’occupent inlassablement de toi, je dis un titanesque Merci.
C’est si dur de ne pas te voir. De ne pas te sentir. De ne pas te toucher. Loin de toi, on imagine le pire. L’absence est souffrance. L’attente est angoissante. L’impression de ne servir à rien. Parfois, avec Manu et maman, on se regarde, anxieux, sans savoir que faire, que dire. Dehors, nous entendons le SAMU bourdonner, à intervalles réguliers. Papa, nous t’attendons avec les chats, assis sur le canapé vert. À ton retour, nous prendrons un petit chien. À ton retour, nous ferons tout ce que nous n’avons jamais pris le temps de faire. À ton retour, je ne manquerai plus aucun de tes appels. À ton retour, nous nous aimerons plus que ce qu’il est permis d’aimer. À ton retour, tout sera plus beau, plus fort, plus grand qu’avant. Papa, reviens vite.
M’entends-tu ?
Je crie si fort.
Je t’aime, si fort.
Ta Léa
PS : Je dédie cette lettre au papa de mon amie Céline, Jean-Luc, à qui il ne reste plus que quelques jours à vivre. À tous les Jean-Luc.

À France Inter,
Cela fait 44 ans que ma vie est rythmée par votre radio…en particulier dans cette période pendant laquelle je suis confinée avec mes enfants.
Aujourd’hui, c’est un témoignage que je veux apporter en soutien et en appel à nos concitoyens.
Claude, c’est mon père. Il est médecin généraliste dans une campagne mosellane et en milieu hospitalier deux fois par semaine.
Depuis 25 ans, il sillonne les villages, donnant toute son énergie et son temps à ses patients. Les mercredi et samedi, il les passe aux urgences de l’hôpital de Briey, où il enchaîne les interventions. C’est sa passion.
A l’heure où je vous parle, il a atterri à Toulouse, intubé et sédaté. Il ne sillonne pas sa campagne mosellane.
Rétrospectivement, il y a 10 jours, c’est lui qui intubait en urgence et qui luttait contre le virus dans les conditions matérielles que vous n’avait de cesse de dénoncer. Il y a 10 jours, le patient en danger avait craché malencontreusement. Il y a dix jours, Claude remettait un homme sur pied. Quatre jours après, il était lui-même alité.
Au moment où je m’adresse à vous le médecin ne sillonne pas sa campagne, intubé à plus de 1000 km de chez lui.
A l’heure où je vous parle, ma mère attend dans la campagne mosellane, confinée, isolée…

Lettre d’un confiné à sa fille.
Ma chère fille Mégane,
Depuis mon confinement, pour raccourcir le jour, je m’oblige à me coucher trop tard.
Mes regards, à travers ma fenêtre vitrée, accompagnent les étoiles. Quand la dernière s’éteint, à l’aube, c’est l’heure d’aller au lit, je ferme mon store, je règle mon vieux radio-réveil en diminuant d’une minute l’heure du lever. Au premier jour, le nombre de minutes je l’ai fixé à 15. Le choix ne fut pas par hasard, il n’est ni secret, ni énigmatique, correspondait tout simplement au nombre de jours du confinement. Sachant que je me réveille bien avant que son alarme ne se déclenche, mon radio-réveil est devenu le compte à rebours à l’envers, journalier, pour connaitre le nombre de jours qui me restent pour sortir de ce confinement.
Au matin, la même interrogation inutile : «Quel temps fait-il aujourd’hui ?» Un temps pluvieux et froid ça m’enchante et me réconforte. Dans le silence de la chambre, je commence à prêter beaucoup d’attention aux objets qui m’entourent, je me rends compte qu’ils deviennent des objets vivants, exercent sur moi une réelle fascination et j’éprouve pour eux un attachement, certains me renvoient à mes souvenirs d’enfance.
Depuis mon confinement, j’ai retrouvé le plaisir d’écrire, à la main : fini le copier-coller, le couper-coller, le correcteur d’orthographe et de grammaire. Mon stylo bille que j’ai trouvé parmi un fouillis de papiers dans mon tiroir, fera très bien l’affaire. Je l’observe attentivement : un bel objet qui m’a accompagné, longtemps, sur les bancs de l’école et en rentrant à la maison avec sa tâche d’encre sur la poche de mon uniforme scolaire. Mon attestation de déplacement dérogatoire je la trouve, tous les matins, dans ma boîte aux lettres, je ne connais pas la personne qui la distribue. Si je la croisais un jour, je la remercierais, à bonne distance, bien évidemment, sans se serrer la main.
Aujourd’hui, le pain frais et croustillant me fait défaut, faire mon pain, maison, à la main me décourage, je me décide d’aller le chercher à la boulangerie. « Finalement le sommeil est de loin la manière la plus rapide de faire passer le temps » Je me dis. Je me décide de copier, à l’identique, mon attestation de déplacement dérogatoire, avec toutes les cases à cocher, sur papier libre, en la transformant en attestation sur l’honneur en cochant la case correspondant au motif de mon déplacement.
Que du bonheur : une nouvelle case est apparue, l’heure de sortie aussi. Chercher une baguette de pain, cela me paraît, un peu léger comme motif, pour appuyer mon attestation, écrite à la main, je quitte chez moi avec un grand sac de courses. . L’attente dans la station de l’arrivée du tramway est longue, la voix robotique m’exaspère : des annonces sonores de prévention, de ce virus invisible, précédées par un sonal passent d’une manière rythmée et régulière. Je décide que je ferais mieux d’y aller à pied.
Une ville fantôme vidée de ses habitants, seuls quelques véhicules s’aventurent sur une route silencieuse déserte, trottoirs nostalgiques de ses passants confinés. La peur est parfaitement visible se lit sur les façades. Sur le chemin de retour, je passe par un parc embelli par mille et une couleurs: la nature est au rendez-vous avec son printemps, elle s’éveille: tout renaît. Des arbres bourgeonnent, certains fleurissent. Lys, primevères, dahlia, crocus, jonquilles et tulipes parfument et colorent le lieu, parfument et colorent la vie. Je m’allonge dans l’herbe bien verte, je sens sur mes joues la chaude caresse du soleil printanier, j’ouvre bien mes yeux, le ciel est tout bleu au-dessus, un bleu qui inonde tout, je ne vois plus rien d’autre. La nature sera toujours au rendez-vous avec ses propres enfants : les saisons, quant à moi je me sens tout petit et éphémère, comme tout homme, au sein de cet univers immense et éternel qui s’étend à l’infini.

Nos bras ont faim et ne se souviennent plus, presque plus, ce moment quand ils furent rassasiés. La crise sera ce qu’elle sera et le confinement fait reculer le virus autant qu’il fait reculer notre humanité. Car nos bras ont faim. Nos mains sont veuves et nos peaux écaillées désormais comme celle d’un pangolin. Nos bras ont faim.  
Des gens meurent devant nous sans un baiser ni une étreinte. Alors que la vie commence par là. Baisers et étreintes de gens qui fécondent, baisers et étreintes pour accueillir celui ou celle qui arrive. Nos bras ont faim de nos aïeux, de nos parents, de notre fratrie, de nos camarades, mot qui vient de camara, la chambre.  
Des enfants s’endorment sans un baiser ni une étreinte. 
Nos bras ont faim. 
Des couples se tournent le dos dans un même lit. Nos bras ont faim.  
On ne se touche plus, quel vilain mot quand la caresse peut être la sœur jumelle de la tendresse. C’est au-delà du plaisir et du désir, du sexe et de l’envie. Nos bras ont faim. Que dire de la solidarité quand on ne se serre plus les coudes ?  
Nos bras ont faim. 
Car nos bras, nos pauvres bras, seront ceux du travail avant l’étreinte car il faudra bien chercher de quoi vivre. Nous aurons à  porter des paquets avant de porter nos aimé(e)s. Des tonnes des factures, d’administration, de livraison, des tas de paquets sur nos bras déjà amaigris par la famine de l’autre.  
Nos bras ont faim.  
Après l’épidémie, il y a la famine, nos manuels d’histoire nous l’ont appris. Et dans la famine, il y a la révolte. Les mêmes livres nous le disent. Mais d’abord, nos bras ont faim.  
Comment les rassasier ? Ils sont ce qui nous fait vivre par le geste doux et par le travail, c’est-à-dire ce qui nous récompense justement. Prenons nos bras à cœur, pour reprendre notre cœur entre nos bras. Question de patience, pas tant de résignation mais de courage.  
Nos bras ont faim, ne serait-ce pas pour se muscler et étreindre en mieux ? Je vous le demande… 

Bonjour
voici un texte à chanter sur l’air des Copains d’abord de Georges Brassens:
En France c’est l’année 2020
Que le covid-19 survint
Nous contraignant au confinement
Oui au confinement
Au mois de mars suivi d’avril
S’tenant à 1 mètre dans les files
Heureusement qu’y’a des soignants
Qu’il y a des soignants

Avant qu’y ait c’coronavirus
Il y a eu la peste, le typhus
La typhoïde, la variole
Et le choléra
La tuberculose, la rage,
La grippe espagnole, Ebola
Le Sras, la grippe H1N1
L’VIH Sida

Pour presque toutes ces maladies
Y a des vaccins qui sauvent des vies
Des sérums des médicaments
Donnés par des soignants
Qui empêchent les épidémies
De se répandre sur la planète
Pour c’ui là on est démunis
On reste très bêtes

Il nous est venu de la Chine
Et transmis par le pangolin
Pauvre animal qu’on y cuisine
Comme le lapin
Prions pour qu’un laboratoire
Trouve le remède avec la gloire
Pour sauver tout le genre humain
Tout le genre humain

N’oublions pas dans cette guerre
Que beaucoup de soignants galèrent
Risquant leur vie, certains succombent
Pour pas qu’tous on tombe
Et quand la bête sera vaincue
Faudra changer la société
Sinon le monde sera foutu
Plus d’humanité

Politiques faites preuve de courage
Moins de profits, plus d’empathie
Sinon on vous dira : <>
Heureusement que vous êtes là
Vous les soignants Et chapeau bas
Et pour vous nos remerciements
Nos applaudissements.

Message : Bonjour, je suis une fidèle auditrice de Franceinfo, radio et télévision. Frappée de plein fouet par le COVID19 qui a emporté mon beau-père vendredi après-midi après une dizaine de jours d’une si courageuse bataille, je viens vous demander de publier au moins autant d’hommages aux personnes emportées par cette maladie que vous apportez de conseils pour supporter le confinement, seul moyen actuel d’éviter la propagation massive du COVID19. Car croyez-moi, le confinement n’est rien à côté de la perte d’un être cher qui aurait eu encore de si belles années à vivre auprès de nous si ce virus ne s’était pas propagé jusque dans son village de la Vienne. Mon beau-père était un homme d’une extrême gentillesse, d’un courage sans nul autre pareil; lui et son épouse sont partis de rien et ont travaillé sans se plaindre, en sachant faire preuve d’une rare ouverture d’esprit, sans réclamer aucune aide de personne pour vivre une vie modeste, dont ils ont su se contenter tout en offrant des études à leurs enfants, tout en faisant preuve de générosité auprès de leurs enfants et petits-enfants et tout en étant autonomes encore aujourd’hui alors qu’ils ont 78 et 80 ans; des gens d’une particulière intelligence qui doivent servir d’exemple aujourd’hui à toutes ces personnes qui ne respectent pas le confinement ou celles qui se permettent de polémiquer en ces moments d’une particulière tristesse pour nombre de familles dans le monde. Alors, s’il vous plaît, diffusez-vous au moins chaque jour un message d’hommage aux malades emportés par le COVID19 et auprès desquels les soignants travaillent sans relâche pour leur apporter le soutien et la dignité que leurs proches ne peuvent pas leur apporter compte-tenu du risque de contamination. Je rends particulièrement hommage aujourd’hui à l’équipe paramédicale et médicale du service de gériatrie COVID19 du CHU de Poitiers qui nous a accompagnés mon beau-père, mes proches et moi dans cette affreuse fin de vie qu’a subie cet homme remarquable d’intelligence et de gentillesse.

Les soigneurs
Aux jeunes soldats des grandes guerres, on offrait des fleurs
À vous, des balcons, nos tendres applaudissements enjôleurs
Armés en blanc, vous partez réanimer et secourir les victimes
Vous avez toute notre reconnaissance et une profonde estime

Vous y allez la boule au ventre, une légitime et vaste peur
Dans vos tranchées, vous attendez l’ennemi sans stupeur
Courageux, vous vous galvanisez contre ce virus nuisible
Qui s’attaque à nos poumons, pernicieux et imprévisible

Vos ennemis sont nos maladies de plus en plus inattendues
Guerriers précautionneux, vous les combattez bien entendu
Vos armes sont passion, service et dédicace à la profession
Attentifs, diligents, vous prodiguez soins sans concessions

Compatissants assidus, vous soulagez et apaisez nos douleurs
Souriants, gais et professionnels, vous adoucissez nos malheurs
D’un lit à l’autre, d’une chambre à l’autre, invariable l’humeur
Toujours le mot idoine, sans même exclure les pires écumeurs

Vous nous nettoyez de nos liquides et odeurs, entre vos mains
Vos métiers sont crus, si nous sommes nus, rien de l’humain
Vous prélevez, saignez, injectez, vaccinez, pansez et pulvérisé
Raccommodeurs, nos lésions, peines et plaies vous cautérisez

Or, ce n’est que dans ce grand malheur, que vous êtes visibles
Ni stars ni leaders, mais vous êtes notre vraie élite de l’invisible
Vos droits souvent ignorés, méconnus ou en haut lieu discutés
Le moment vous révèle, votre immense valeur n’était pas cotée
Jaouad

A tous ceux qui ni croient plus,
Aux grands-parents qui attendent la fin,
A ceux qui dorment toujours dans la rue,
A toi, destin, qui t’amuses bien.
Tu t’es bien joué de nous.
Depuis longtemps déjà, depuis la nuit des temps, avant la naissance de mes arrières grands-parents, avant les voitures, avant les villes, avant le gris, avant tout ça.
Tu as laissé les guerres s’enchaîner sans rien faire, tu as laissé la folie des hommes détruire leur monde, détruire la vie, détruire la terre, équilibre si fragile.
Tu as regardé, impassible, des familles se séparer, des enfants mourir sous les obus, des fanatiques faire régner la terreur.
Encore aujourd’hui, tu laisses les grands-parents dans la solitude, attendant dans la peur la dernière ligne droite. Tu leur fait croire que la fin va s’approcher plus vite que prévue, à cause de cette épidémie qui a déjà ôté tant de vies.Tu les prives de leurs seuls rayons de soleil : leurs enfants et leurs petits-enfants.
J’ai longtemps cru que tu n’avais pas de cœur. Ne m’en veux pas, ça peux se comprendre. Mais j’ai compris que tu espérais que l’Homme prenne leçon de ses erreurs.
Alors, en désespoir de cause, tu as laissé le covide 19 se propager.
Tout le monde crie à la catastrophe.
Pas moi.
J’ai vu de mes propre yeux le commerce arrêter d’exploiter les enfants chinois, les courbes de CO2 chuter miraculeusement, la solidarité renaître de ses cendres, les gens arrêter de cracher sur les services publiques.
J’ai vu l’État se remettre un peu en question, essayer d’aider la population.
J’ai vu l’Homme se remettre en question.
Mais pour combien de temps ?
C’est pour ça que je t’adresse ses mots. Pour te dire qu’on va continuer à se battre, qu’on ne nous retirera pas ses valeurs enfin retrouvées, qu’on ne laissera pas la vie reprendre son cours normalement. On a prouvé qu’on en était capable.
L’Homme est capable de tout, n’est-ce pas ? Capable de guérir, d’inventer, de marcher sur la lune, de tomber, mais de se redresser.
Pourquoi ne serait-il pas capable de tendre la main à son voisin ?
Je me suis longtemps posé la question, et j’ai enfin la réponse. Car il est coincé dans la société du pouvoir de l’argent, où on l’abrutit avec les télévision, on l’abreuve de fausses idées, on obscurci son jugement, sa manière de penser, pour qu’il rentre dans le moule, qu’il ne regarde pas le monde autour, qu’il ne se rende pas compte que ça ne va pas depuis longtemps.
Mais aujourd’hui, en ces temps difficiles, cette ère arrive à son terme.
C’est le prix à payer pour rebâtir un monde plus égalitaire.
De tous temps (et tu es bien placé pour le savoir) les grands changements se sont fait par des moments douloureux. Ce qui arrive aujourd’hui.
Mais cela ne va pas changer en un jour, tu le sais très bien, ni si l’on ne sort pas de notre confort, de nos moelleux canapés IKEA.
Mais l’Homme est fort.
Je souhaite à tous les gens du monde, sans exceptions, beaucoup d’amour et de courage pour braver cette épreuve, et n’oubliez jamais que cette fois-ci, ce n’est plus chacun pour soi. On est ensemble.
Voilà, je vous souhaite bon courage et bonne journée!
Zélie

Le confinement est propice à la poétique. Ci-dessous petit poème de ma composition :
POTION AMOUR
Sous la cloche d’un azur intranquille
Fourmille une nuée d’humains inconscients
A la recherche d’un futur pécunieux
Ils creusent ils creusent
Ils digèrent l’humus nourricier
Et rotent d’inconvenances
Mais bientôt ils sièstent sur le néant
Ils ont saccagé la terre
Et de leur riche descendance
Ne survivra que la lie
Viendra-t’elle enfin
La conscience collective
Que l’amour n’est pas monnayable ?
L’amour mondialisé en overdose
Envers le vivant et l’inerte
Vive l’anarchie, le vin et le saucisson sec !
Le dernier vers en forme de pirouette …mais pas que !
Pour moi l’anarchie est le respect de soi et des autres : l’appel à une conscience individuelle ET collective.
Bien à vous et merci pour vos émissions.
Bruno SAVY

A mes ami.es
« Il y a ceux qui pensent que l’enfer c’est les autres et ceux qui savent que les autres, c’est leur paradis. Les ami-es, c’est toute leur vie.

Il y a ceux qui s’accomodent de leur propre compagnie parce que la solitude leur va bien ou que les rapports humains demandent beaucoup d’endurance : entretenir le lien, se mettre à la place de l’autre, tenter de se comprendre, nourrir des attentes parfois déçues, répondre aux sollications, se sentir engager dans une relation forte, ménager les humeurs changeantes, composer avec les caractères diverses, accepter l’autre avec ses singularités. Se réajuster soi au gré de tous ces autres.
Tout le monde ne se sent peut- être pas de s’exposer à autant d’occasions de malentendus.

Il y en a d’autres qui ne vivent que pour ça. Risquer la rencontre et se réjouir chaque jour de ce risque généreux.
Nouer des amitiés, les tricoter, les emmêler , les renforcer, les délier, les relier. Parfois les déchirer. Parfois les recoudre.

Il y a les amitiés de fibre tissée serrée. Et puis mille degrés de liens, autant de fils entrecroisés dans la toile de nos vies. Imperceptiblement. Des brins de causettes, des copains de loins, des copines de copains, des gens qu’on aime bien sans les connaître, celles et ceux qu’on connaît si peu mais qu’une intimité partagée relie en silence, les « sur qui on peut toujours compté en cas de pépins », les amis de rigolades, les vieilles copines qu’on ne voit plus assez, les p’tits voisins si gentils, les soutiens passagers,les frères d’idées furieuses, les sœurs de lutte Pour ou Contre. Tous ces visages habitent nos rues quand on sort et surtout nos sentiers interieurs. Ils se tiennent sur notre chemin un peu chaque jour, ils sont les pierres, ils sont les bosquets, il sont les horizons. Ils et elles sèment le doute, chantent des histoires de fête et d’amour, déterrent nos peurs, arment nos idées, soignent nos défaites, ouvrent grand des voies ignorées.

Soudain, privé de leurs regards, de leurs chairs, de leurs odeurs. Privé du vent de leurs corps, du soleil de leurs belles dents. Avec pour seules miettes, leurs rires voilés sur une onde téléphonique, le concept froid du « bisou de loin », le décalage gêné des discussions par skype et la difficulté à s’écouter à cause de cette brave seconde de trop, une seconde à côté du temps, à côté de notre vrai temps à nous, une malheureuse seconde pour nous piquer juste là ou ça fait mal en disant « C’est pour de faux, ça compte pas vraiment cette façon là de faire de l’amitié », alors soudain mille êtres nous manquent, notre être s’égare et notre chemin du dedans n’a plus ni peuple, ni voie, ni arbre, ni creux, ni printemps. Juste un cri. Par ou aller sans vous ?
Oui la saison est douce, les êtres qui me sont chers vont bien, mon jardin fleuri, mon enfant souri, mon amour jouit, mon temps est presque libre mais s’il te plaît, Printemps, ramènes moi mes amis ! »

Bonjour à toutes et à tous, 
Merci, bravo de continuer à nous informer, nous faire rire, méditer… 
 
Assieds-toi, toi qui cours aveuglément et sans cesse. Assieds-toi, toi qui as cessé de me regarder depuis si longtemps. Assieds-toi, toi qui me dépossèdes de ma chair et de mes veines parce qu’elles ne sont pas semblables aux tiennes.  
Lorsque l’un de tes pairs part, il laisse les entailles qu’il m’a faites. Quant à la plupart des autres, ils me torturent, me maltraitent, m’étranglent. Lorsque je pleure sur vous, lorsque j’essaie de me défendre, vous ne continuez à voir que vous. Vous ne pensez qu’à reconstruire à l’identique, sans me préserver. 
Que vaut votre confort ? Votre système capitaliste, vos guerres de chefs pour être à la pointe vous satisfait-il tant que cela ? Qu’y a-t-il au fond sur votre pointe à part de la misère ? Avez-vous réellement besoin de tout ce que vous créez pour finalement vous en servir pour vous entretuer ?  
Que valez-vous ? Etes-vous fiers de dénigrer les vôtres et rester sourds face à ceux qui me ressentent et tentent de me secourir, veiller sur moi ? 
Que penses-tu de tes semblables ?  Que penses-tu de toi ? De vous ? Crois-tu vraiment que cette tragédie que l’Humanité traverse vous permettra de vous recentrer sur ce qui compte vraiment ? Qu’est-ce qui compte vraiment ? Dix salles de bain dans une villa pendant que les pauvres cherchent un endroit pour se doucher et que l’eau s’évapore de mes ressources…que feras-tu lorsque je n’en aurais plus…tu te féliciteras d’avoir joui de tes baignades ? Des bêtes torturées et abattues en surnombre pour que leur meurtre finisse dans des poubelles qui seront visitées par ceux qui ne peuvent vivre dans l’opulence comme toi, toi qui gâches et eux qui attendent que tu leur donnes des déchets à consommer ? Que feras-tu lorsque mon sol sera mort et que plus rien ne pourra être produit et consommé ? Tu te réjouiras d’avoir englouti sans raison quotidiennement pendant que d’autres mourraient de faim et que tu m’asphyxiais ? Que feras-tu…que feras-tu lorsque moi aussi, tu m’auras abattue à force de me torturer et me violer ? 
Au fond, bien que je trouve ta nature désolante, je voudrais que tu n’oublies pas que c’est par moi que toutes tes richesses naissent. Que les tiens prônent la violence et la tyrannie, que les tiens frappent à mort les membres de leur famille, que les tiens ne soient pas capables de se secourir au quotidien au lieu d’attendre qu’il soit trop tard pour réagir, que les tiens ne soient pas capables de se traiter avec respect et de façon équitable, que les tiens aient besoin de flamber dans des achats capitalistes au lieu d’aimer un animal qui voudrait pouvoir vivre décemment ou laisser la nature maintenir un équilibre vital ; je dois dire que je trouve cela méprisable et écœurant mais après tout, cela a tellement l’air de vous plaire. 
Je souhaite à tous les dirigeants et tous les autres, ceux qui ne sont pas à mon écoute, d’enfin l’être. Stopper une frénésie de pouvoirs au profit d’un bien-être collectif et sain est-il si complexe ? Est-ce un problème d’orgueil du monde humain ou l’incapacité réelle de savoir vivre autrement ? Qu’arriverait-il si une première femme ou un premier homme de tête de pays changeait le cap du monde et tendait la main aux autres pour faire autrement après avoir été guidé par son peuple, prouvant sa capacité à retrouver l’essentiel et voir l’humain plutôt que le matériel, se réjouissant de voir combien je suis belle lorsque l’on me respecte et combien les animaux retrouvent leurs espaces dont vous les avez expulsés arbitrairement ? Y’en at-il au moins une ou au moins un capable de me soulever moi, votre Terre, en trophée, plutôt que votre monnaie éphémère ? 

Je vous envoie néanmoins ces quelques lignes inspirées par la situation troublante que nous vivons actuellement.

Confinés, enfermés, isolés pendant que la terre tremble
Chacun chez soi à se battre contre le mal invisible
Cloitrés, reclus, chacun dans notre endroit
Chacun dans notre nid
Et seuls dans nos bras
pour accueillir les nouvelles fracassantes
Chacun chez soi et nous serons bien gardés
Chacun chez soi et nous serons sauvés
A présent, c’est sur la toile que courent nos liens
Dans le virtuel que résonnent nos appels
Rassurantes tentacules qui bravent les nuages
Qu’aurait pensé Barjavel d’un tel ravage ?
Je vous remercie pour l’attention que vous porterez à ces quelques mots.

Vite 
Agir vite 
Prendre des mesures, vite 
A la mesure de la situation 
Qui mérite toute notre attention 
Et nous évite 
De regarder en arrière 
Prendre des mesures sanitaires, vite 
Empêcher une crise financière, vite 
Endiguer déjà, la récession économique 
Cela mérite 
Toute notre attention 
Et nous évite de penser autrement 
Sortir du confinement, vite 
Et vivre comme avant, vite 
Couper court à tout tourment 
Et courir à tout bout de champ 
Contourner tous les tournants 
Pour revenir chez nous, comme avant 
Et s’éloigner des mauvais temps 
Croyant que ce temps n’est qu’instant 
Et retourner au travail, vite, 
Se jeter dans la bataille, 
De l’offre et la demande 
Car il n’y a rien qui vaille 
Que la consommation. 
Et recommencer, indéfiniment… 
Le voulez-vous vraiment ? 
Pour le moment, s’informer, vite 
Avoir de nouveaux éléments 
S’abreuver et s’abrutir 
De réponses en suspens 
Car nous ne savons rien, mais la télé incite 
A penser autrement 
Un sage des temps anciens 
Disait : « tout ce que je sais 
Est que je ne sais rien » 
Le temps était laissé 
A cette méditation du tout 
Ou du rien 
Tandis que maintenant, 
Le temps est présenté comme un frein 
A la course, à la compétition 
Mais c’est pourtant son manque 
Qui insidieusement nous invite à la ronde 
D’un monde épuisant 
La terre et les vivants 
Et qui depuis longtemps 
Creuse sa propre tombe 
Pour l’instant, il faut savoir, vite, 
Et il faut informer, vite 
Quitte à tout faire dans la précipitation 
Car l’ignorance fait peur, et il vaut mieux faire croire 
Que nous maîtrisons tout et sauverons les meubles 
D’un pouvoir en suspens 
Pouvoir transcendant… 
Qui dit qu’il faut passer des réformes, vite 
Pour conserver une stabilité économique 
Et même dans tous les domaines, il faut aller vite 
Tiens ! J’entends sonner les cloches de Notre-Dame… 
Et nous disions alors : « Nous surmonterons ce drame ! 
Nous la reconstruirons, et vite » 
Pour que des hommes de notre temps viennent admirer, 
Vite, 
L’ouvrage d’hommes qui ont passé mille ans 
Génération après génération, patiemment 
Sans espérer un jour voir les fruits de leurs mérites 
Le temps était le temps, et considéré comme tel 
Il était immortel, et nous sommes maintenant 
Pressés par un temps dont la cadence est imposée 
Par des hommes d’en-haut, par des hommes de sous mais tout aussi mortels 
Que nous, 
Humains désespérés, à bout de souffle et battant de l’aile 
Dans ce rythme effréné 
Qui laisse hagard ou bien rebelle… 
Il est urgent de s’arrêter. 
De suspendre un instant le temps 
Et de le regarder 
S’étendre comme un flot tranquille 
Libre et déterminé… 
Indéterminé et libre 
Alors ? Si nous accompagnions le temps 
Eternel ? 
Si nous reprenions les devants 
Dans une entente et une étreinte fraternelles 
Si quelque chose doit rester, 
De notre ancien système 
C’est bien le contact humain, sans écran, sans honte ni haine 
Sans prétention ni velléité 
De destruction 
Mais qui dans la bienveillance, source d’un nouvel égard 
Aux autres et à soi-même 
Renaîtra au grand jour 
Et fera rejaillir 
Les joies et les plaisirs 
Qu’un sourire, un regard