Le Médiateur est régulièrement interpellé à propos d’une antenne qui favoriserait tel parti politique, ou d’une autre qui ignorerait systématiquement telle formation.
Soyons clair ; par-delà les impressions que chacun peut ressentir – la plupart du temps en fonction de sa propre opinion politique -, les antennes de Radio France se doivent de respecter scrupuleusement le principe du pluralisme. D’abord, parce que c’est le principe même du service public et du journalisme audiovisuel; ensuite, parce que c’est une obligation, sous le contrôle du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel).
Alors, quelles sont les règles ?

Comment se répartit le temps de parole entre majorité et opposition ?
L’opposition parlementaire doit bénéficier d’au moins la moitié du temps de parole accordé à la majorité.

Qui fait partie de la « majorité » ?
Toutes celles et ceux qui se revendiquent de la majorité parlementaire + le gouvernement + le président de la République, lorsqu’il s’exprime dans le débat national, mais pas lorsqu’il s’exprime dans le cadre de ses fonctions régaliennes (exemple : quand il parle au nom de la France à l’étranger).

Qu’en est-il de celles et ceux qui ne se revendiquent ni de la majorité ni de l’opposition ?
Le CSA demande qu’ « un accès équitable à l’antenne » leur soit accordé.

… et pour les partis non représentés au Parlement ?
Le principe est le même.

Quelles sont les antennes concernées ?
Toutes les antennes sont concernées. De plus, depuis le 21 juillet 2009, les temps de parole politique de France Inter, France Info et France Culture sont comptabilisés 24h/24 et tous les jours de l’année (rediffusions comprises), et communiqués chaque mois au CSA. Les antennes doivent respecter les équilibres par trimestre pour les journaux et par semestre pour les magazines d’information et les émissions de programmes.

Et France Bleu ?
Le réseau des radios locales respecte évidemment le principe journalistique du pluralisme, mais sans contrôle direct du CSA. Il en est autrement pendant les périodes électorales durant lesquelles France Bleu doit à son tour comptabiliser précisément les temps de parole et les communiquer au CSA.

Que prend-on réellement en compte dans les temps de parole ?
Tous les propos tenus par une femme ou un homme politique (élu ou non), quels qu’en soit la nature (politique, privée, sportive, artistique, etc.). Ainsi que les propos de tout interlocuteur, même anonyme, se revendiquant d’un parti. En revanche, les citations reprises par un journaliste ne sont pas prises en compte.

Le CSA peut-il sanctionner ?
Oui. Le CSA dispose d’un pouvoir de sanction ; cela peut aller de la mise en garde, de la mise en demeure, du rappel à la réglementation, de la lecture d’un communiqué à l’antenne, à une suspension d’une partie des programmes ou des sanctions pécuniaires.

Qu’en est-il en période électorale ?
Ces règles, liées au pluralisme et à l’équité du temps de parole, continuent de s’appliquer, mais d’autres viennent en plus. France Inter, France Info, France Culture, auxquelles s’ajoutent, pour cette période, France Bleu et France Musique, doivent communiquer chaque semaine au CSA un relevé spécifique des temps de parole. Ceux-ci se doivent d’être dans un premier temps équitablement répartis entre candidats ou listes de candidats. Puis, dans la dernière ligne droite, strictement égaux.

 

Bruno DENAES

Médiateur des antennes