Dans l’article « Violences policières : celles et ceux qui se reconnaissent dans les propos de Camélia Jordana » paru jeudi 28 mai sur le site de France Inter, des personnes ont été interrogées pour réagir aux propos tenus par la chanteuse Camélia Jordana sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché » sur France 2 samedi 23 mai. Le terme « racisé », utilisé par les interviewé·es, a été repris dans l’article. Des auditeurs et des internautes ont reproché l’utilisation de ce terme. Stéphane Jourdain, rédacteur en chef numérique de France Inter, leur répond.

Bonjour,

Nous avons décidé cette semaine de faire un article pour donner la parole aux gens qui sont potentiellement concernés par les contrôles au faciès des policiers, afin de savoir s’ils avaient le même ressenti que celui exprimé à la télé, avec des mots particulièrement durs, par la chanteuse Camélia Jordana.

Pour ce faire, il nous a évidemment fallu donner la parole à des gens qui sont directement concernés. Des gens de tous âges et d’horizons très différents (artiste, Gilet jaune, élue etc.). Des noirs, des personnes d’origine maghrébine, un Vietnamien. Il n’y a pas de terme idoine pour réunir tous ces gens sous la même appellation. Ils ne sont pas tous issus de l’immigration (il y a des Antillais), ils ne sont pas tous noirs etc. Comme la majorité des personnes interrogées ont elles-mêmes parlé de « personnes racisées » quand nous les avons interrogées, nous avons repris le terme entre guillemets dans le chapô (NDLR: l’introduction) de l’article. Je l’ai moi-même utilisé dans mon tweet (sans guillemets), c’est d’ailleurs un terme que j’utilise régulièrement.

Louis Hausalter, journaliste à Marianne, nous reproche, je cite, de faire « de la couleur de peau un critère d’interview pour traiter une actualité française ». Mais comment parler de racisme sans interroger ceux qui en sont le plus victimes ? Je veux bien qu’un blanc puisse être victime de racisme de la part de policiers noirs mais avouons que c’est là un phénomène qui semble assez résiduel… Si vous cherchez des gens qui sont victimes de racisme à l’entrée des boîtes de nuit, vous n’allez pas chercher à parler à des blancs…

Cela fait maintenant des années que le terme « racisé » est largement utilisé dans la presse.  Par Les InrocksVanity Fair, Slate, Franceinfo (ici et ), France Culture (ici et ) et très régulièrement par Libération. Entre autres.

Bien sûr que le terme est militant à l’origine. Il a été poussé par des organisations qui voulaient mettre en avant les difficultés systématiques vécues en France (ou aux Etats-Unis) par les non-blancs. 

Il s’est passé la même chose avec le terme « féminicide » qui a été poussé par des organisations féministes pendant des années et qui est maintenant utilisé quotidiennement dans la presse. Quand je travaillais à l’AFP, il y a quelques années, il ne fallait pas utiliser le terme « féminicide » car il était jugé trop militant mais aujourd’hui il est passé dans le langage courant et il est régulièrement employé. On observe donc une évolution des usages dans l’emploi du lexique.

Une dernière chose, le mot « racisé » a fait son entrée dans le Robert en 2019. Voici sa définition : « personne touchée par le racisme, la discrimination. Populations racisées ». Elle paraît particulièrement adaptée au propos de notre article.

Cordialement,

Stéphane Jourdain, Rédacteur en chef numérique de France Inter

Une sélection de messages d’auditeurs

Je lis souvent avec plaisir les articles d’actualités du site de France Inter. Mais quelle n’est pas ma surprise en tombant sur celui ci :  
https://www.franceinter.fr/societe/violences-policieres-celles-et-ceux-qui-se-reconnaissent-dans-les-propos-de-camilia-jordana 
Outre l’aspect parcellaire du traitement du sujet (pourquoi, afin d’entendre toutes les parties, ne pas donner la parole à des policiers ?), le vocabulaire me choque, et je ne suis pas le seul.   
Pourquoi reprendre le terme très militant de « racisé » ? Sans même le mettre entre guillemets ? Ce terme revient à séparer artificiellement deux groupes : les « blancs » et les « autres » (mélangés dans le terme « racisés », donc).  
Ce terme simpliste a été promu par le Parti des Indigènes de la République, et quelques sociologues qui en sont proches.    
Je m’étonne que France Inter reprenne ce mot militant sans s’interroger. Votre chaîne sait faire montre de beaucoup d’esprit critique envers les responsables politiques ; pourquoi les responsables associatifs et militants en seraient-ils dispensés ?  
L’esprit critique, le recul, à géométrie variable ? 
Merci Madame la médiatrice et bien à vous

Bonjour Madame la Médiatrice, le terme « racisé » est-il accepté sur Radio France ? France Inter une réponse?

C’est quoi cette terminologie #raciste et incohérente ?
Au nom de quoi, moi #Français depuis des générations, ne serais-je pas racisé ?
Pourquoi cette obsession de la #race quand que le politiquement correct prétend qu’il n’y en a pas ? Si pas de race, pas de racisés ni de racisme, non?

On dit noir, arabe, asiatique, africain si vous voulez, mais pas racisé. C’est un terme issu des indigénistes, paternaliste et insultant.

C’est terrible cette expression que vs utilisez pour décrire certains de vos concitoyens. C’est raciste, paternaliste, condescendant et réducteur. Je ne comprends même pas comment des personnes se sont volontairement portées candidates pr répondre à vos questions avec ce biais.

«Neuf personnes racisées»
Les races existent alors?!Visage songeur
Je l’ai toujours pensé, sans en mépriser une seule, mais une nièce m’expliquait il y a qqs mois, avec la conviction qui caractérise la jeunesse, qu’elle avait appris au collège que les races n’existaient pas.
Étrange tout ça!