On le sait, une certaine défiance – souvent injuste – frappe les journalistes. Des auditeurs nous accusent de parti pris simplement parce qu’ils voudraient n’entendre que leurs propres opinions. Mais des erreurs peuvent aussi être commises. Malheureusement, il n’existe en France aucune instance indépendante en charge des « bonnes pratiques » professionnelles. Dans la plupart de nos pays voisins et au Canada, ont été mis en place des Conseils de presse, bien utiles pour crédibiliser notre activité. L’idée revient aujourd’hui en France…

Des parlementaires commencent à s’y intéresser. L’ODI (Observatoire de Déontologie de l’Information*) a rédigé une contribution sur ce que pourrait être un Conseil de presse en France.

Une forme d’éducation aux médias

Il s’agit de réaffirmer qu’une information libre est une information responsable. En cas de « dysfonctionnements » réels ou ressentis, il faut pouvoir permettre à nos publics de s’adresser à une instance professionnelle et paritaire. Contrairement au CSA, instance administrative…

Comme le dit l’ODI : « Cela donnerait à chacun la possibilité d’interroger les pratiques professionnelles et de saisir une autorité de médiation et de réparation morale des erreurs et des fautes commises, sans passer par la voie judiciaire ». Évidemment, cette instance « ne sauraient être un tribunal de la pensée des éditeurs ou des journalistes ». L’ODI estime que « l’éducation à l’information pourrait ainsi se développer, de même que la lutte contre les manipulations ».

Que serait ce Conseil de presse ?

Il regrouperait trois collèges composés de journalistes, d’éditeurs et de représentants du public. Ces professionnels et non-professionnels seraient saisis des « plaintes » de lecteurs, d’auditeurs, de téléspectateurs, d’internautes… Ils émettraient un avis après enquête contradictoire, sur la base de la déontologie journalistique. Cet avis serait rendu public.

Aucune « plainte » ne pourrait porter sur les choix éditoriaux des médias : chaque média est évidemment libre de traiter l’information comme il l’entend.

De par sa composition, ce Conseil de presse serait indépendant de tout organisme politique, administratif ou économique. Pour les organes de presse disposant d’un médiateur, il s’agirait en quelque sorte d’un niveau « d’appel » après que le plaignant a sollicité le médiateur en « première instance ».

Retard de la France

De nombreux conseils de presse ont été créés depuis un siècle dans les pays démocratiques. Au sein de l’Union européenne, 18 pays membres se sont dotés d’un Conseil de presse, comme, par exemple, le Conseil de déontologie journalistique de Belgique. L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l’Europe ne cessent d’inciter les démocraties à disposer d’une telle instance. Il serait paradoxal que la France, qui veut contribuer à améliorer le fonctionnement démocratique de l’Europe, reste en dehors.

* Radio France est membre du conseil d’administration de l’ODI, par l’intermédiaire de son médiateur des antennes.

 A consulter également : La Commission européenne et la lutte contre la désinformation