Bonjour,
Il y a un mot qui revient systématiquement dans les reportages ou commentaires sur les mouvements de protestation sociale, quel que soit leur ampleur et leur dureté, c'est le mot "GROGNE". Mais c'est quoi, exactement, la GROGNE ? Un "mécontentement collectif" dit le dictionnaire. Entendez par là : les gens sont "insatisfaits", ils "bougonnent", "murmurent entre leurs dents", "pleurnichent", "se lamentent", profèrent des "jérémiades", autant de synonymes qui donnent une idée assez geignarde, mollassonne et quelque peu nunuche de ces mouvements. La GROGNE, c'est gentil comme tout : les grévistes ne soulèvent pas des montagnes pour essayer de défendre un modèle social maltraité, des valeurs, leurs emplois, faire reculer la précarité ou le chômage, non, ils GROGNENT. Les manifestants ou les usagers ne sont pas révoltés, indignés, portés par un élan de solidarité, non, ils GROGNENT. Les gilets jaunes ne sont pas en colère, exaspérés, à bout, non, ils GROGNENT. Je voudrais savoir pourquoi ce mot est si souvent utilisé ? N'est-ce pas, finalement, un moyen de minimiser et de caricaturer l'état de souffrance et d'insupportable impuissance auquel se sentent aujourd'hui réduits des millions de citoyens ? Parce que les Français, bien sûr, tout le monde le sait, sont d'incorrigibles GROGNONS. Ils sont toujours de mauvais poil, ils aiment bien gueuler. Mais ça n'a guère d'importance, ça leur passera, ils sont bons bougres malgré tout et retournent vite à leurs petites occupations. Voilà ce que signifie ce mot gentiment condescendant qu'il serait temps de remiser au fond du tiroir à clichés. Cordialement, Christine

La Médiatrice Radio France vous répond
06/12/2018 - 16:40

Bonjour,

Dans cette période de « grogne » généralisée, les auditeurs s’interrogent fréquemment sur l’utilisation de ce terme.

Bernard Cerquiglini, éminent linguiste, spécialiste reconnu de la langue française explique le sens du mot.

Grogne – Le sens des mots