Chère Eva,

Je souhaite, tout d'abord, vous écrire tout le bien que je pense de votre émission que j'écoute très régulièrement avec appétit et bienveillance. Etant moi-même un "mélancolique" heureux et totalement autonome, je suis friand des réactions et "remèdes" proposés par vos invités depuis ces dernières années. Cela permet toujours de trouver d'autres pistes pour accompagner avec soin et humour cette mélancolie toujours présente, toujours pregnante mais jamais handicapante si l'on reste attentif et ouvert sur ses possibilités de guérisons toujours présentes et disponibles. L'humour, l'autodérision et la culture en sont les piliers salvateurs.

J'ai écouté avec fascination votre dernière émission avec pour invité Alexis Michalik. Ce dernier qui se dit souffrir d'aucune pathologie "mélancolique" est un cas. Tout d'abord, on est rempli d'admiration devant tant de bien-être et d'assurance implacable. Un peu plus tard, on pense à vous chère Eva, et on se dit que l'émission va être longue devant un sujet si opposé au thème de votre émission.

Puis, on écoute avec encore plus d'attention ce jeune homme, sorte de Rastignac du bonheur, et on s'énerve. On a envie de lui injecter par intraveineuse quelques aphorismes (rigolos) de Cioran comme "dans un monde sans mélancolie les rossignols se mettent à roter". On est surtout tenté de lui offrir un remède de cheval contre le déni.

Finalement, on se calme très rapidement et on savoure le bonheur monomaniaque et tout en déni de ce jeune qui a décidé que tout était blanc dans sa vie et que l'ombre n'existait pas. Et pourtant, cher Alexis, pour avoir de la lumière - tous les peintres vous le diront- il faut avoir de l'ombre.

Ce bonheur monomaniaque s'écroulera tôt ou tard. Rendez-vous donc en 2030 dans votre émission qui, j'en suis sûr, sera encore sur les ondes pour récupérer enfin un peu profondeur chez cet homme que vous aurez invité une nouvelle fois et qui dévoilera une véritable authenticité.

Fidélement