Je suis entièrement d'accord avec Caroline Fourest qui remet intelligemment les pendules à l'heure sur ce qui est de la parole normative et souvent futile à laquelle aboutissent malheureusement les acquis précédemment conquis par la génération des boomers dont je suis. Avant d'autres considérations, je voudrais d'abord insister sur cette dénomination de boomers, prononcée avec un mépris évident par la jeune députée européenne à l'encontre d'un autre député (probablement machiste, mais tous ne le sont pas). Nous ne sommes pas plus boomers par choix que les africains sont noirs ou les juifs, juifs. Nous sommes boomers (c'est à dire nombreux) parce que nos parents, après les horreurs de la guerre et les joies de la libération ont eu envie de faire l'amour, d'être heureux et de reconstruire un monde meilleur. En tant que produit d'un spermatozoïde et d'un ovule heureux de se rencontrer, je ne me sens aucune responsabilité dans la montée démographique qui fait de nous aujourd'hui une catégorie abondante de "jeunes vieux" en forme et pas prêts du tout à être mis au rancard ou caricaturés. D'autant moins prêts, que nous avons été à l'origine de bien des luttes et de conquêtes : accès aux études et au travail pour les femmes (dont je suis, malgré mon prénom plus souvent lu au masculin qu'au féminin), libre régulation des naissances, droit à l'avortement, divorce facilité, homosexualité mieux acceptée, propos racistes ou sexistes sanctionnés, concubins pacsés etc... autant d'acquis dont bénéficient les générations nouvelles et qu'elles feraient mieux de reconnaître et de s'efforcer à conserver au lieu de se confiner dans un communautarisme étriqué et des considérations aussi oiseuses que la coiffure en loks d'une chanteuse ou le port d'une djellabah par une blonde. De telles attitudes futiles ne peuvent que conduire aux plus navrantes absurdités, aux pires excès et à une mise en danger de l'essence même de la démocratie. Je salue le courage de Mme Fourest qui sort des polémiques convenues, au vocabulaire formaté, aboutissant à forger un esprit parfois plus politiquement correct que certains dogmes conservateurs. Oui, une gauche libérée de concepts réducteurs serait souhaitable et permettrait l'élaboration d'une société plus juste et plus humaine, basée sur le dialogue, la diversité des opinions, la cohabitation des cultures, des croyances et... des générations !