Madame la médiatrice bonjour,

J’avoue - tout penaud - n’avoir aucune critique à formuler à l’encontre de France-Culture. Ce qui, pour une médiatrice, est du travail en moins. Peut-être pourrais-je employer le vocabulaire sportif quand la France gagne pour désigner ma radio : formidable, incroyable, démentielle, gigantesque, ahurissante... ? Je viens de le faire. L’auditeur que je suis se permet tout. Même de dire « ma radio » en me l’appropriant tel un vulgaire petit capitaliste de base. Mais c’est bien ma radio. Comprenez qu’elle ne parle qu’à moi au travers de mon poste :)
J’écoute FC dès que je le peux ; je passe mon temps à dire que c’est génial. Mes jours et mes nuits – formidables en passant - sont précieusement couvertes par le programme de FC. Jamais seul, toujours avec France Culture.
« Jamais seuls » devrais-je dire. Mon amoureuse et moi sommes liés par vos ondes ensemble quand nous ne sommes pas ensemble.
Et grâce à FC – on s’envoie des SMS en disant FC d’où cet acronyme qui vous propulse dans un Football Club culturel – ma vie amoureuse est encore plus géante. Quand je ne suis pas avec elle, je le suis quand même en écoutant France Culture en même temps qu’elle. Magie des ondes.
Vous me direz, y’a des trucs modernes pour se voir en direct. Oui, mais écouter la radio tout en étant distant l’un de l’autre, c’est autre chose. C’est prodigieusement bien plus rapprochant qu’une image simultanée. C’est une connexion intellectuelle qui nous permet de débattre par la suite, de se disputer, de se rapprocher, de se questionner.
Ma radio – achetée en 1996 – est toujours debout – 23 ans de bons et loyaux services. Plus grand-chose ne fonctionne, horloge, écran, sauf la réception. Une radio de cuisine à la base : vous imaginez les dégâts. Couverte de 23 ans de petits plats. Mais elle garde un son fabuleux. C’est aussi ça la radio pour moi : un bon son. Et quand le son est « intelligent – c'est-à-dire qu’il m’oblige à sortir mon dictionnaire ou mes atlas – papiers ou internet – ça me plaît beaucoup.
Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps d’allumer ma radio m’éveillait. Piqué à qui vous savez.
Toutes mon admiration pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs de France Culture.
Vous enchantez ma vie sonore.