Cher Médiateur,

Je vous écris pour vous dire à quel point j'ai été choqué par le témoignage diffusé au journal de 13h le 19/07/2016 à partir de 18'39'' du début :
https://www.franceinter.fr/emissions/le-journal-de-13h/le-journal-de-13h-19-juillet-2016
Présenté comme venant illustrer le manque de soutien psychologique des témoins de l'attentat, votre média est devenu un outil pour transmettre ce choc aux millions d'auditeurs qui ont la chance de ne pas avoir été directement confronté à cette horreur. Ce "partage" qui exploite l'instinct voyeuriste humain et qui finit par nous piéger, ne soulage en aucune manière les victimes. Je prends bien soin de ne pas regarder le journal sur aucune chaîne de télévision pour éviter ce piège sous forme d'images, mais à ce moment-là, j'ai dû changé de station radio pour permettre à mes enfants et à moi-même d'échapper à l'insupportable.
Finalement je regrette que les questions suivantes me viennent à l'esprit :
France Inter est-elle pour ou contre l'attentat de Nice ?
La station apprécie-t-elle la production de matière première d'information liée à cet événement ?
Y a-t-il un responsable au sein de votre station qui a conscience de pratiquer une torture psychologique à l'encontre des auditeurs sous couvert d'information qui semble jouir d'un statut sacré ?

Cordialement.

PS : copie au CSA

La Médiatrice Radio France vous répond
20/07/2016 - 16:13

Comme vous le dites, vous avez eu la chance de ne pas être confronté à cette horreur, mais beaucoup d’autres l’ont été. Faut-il alors jouer à l’autruche, se replier sur son petit confort et ignorer ce qu’ont vécu des milliers de nos semblables? Les journalistes sont là pour raconter, faire témoigner, faire comprendre, dans le respect évidemment de la dignité humaine. Pourquoi faudrait-il aseptiser une situation horrible d’attentat? Pourquoi faudrait-il cacher des souffrances, des actes héroïques, des témoignages? Pour pouvoir continuer à vivre, replié sur son petit confort, en ignorant les autres. C’est trop facile d’invoquer du voyeurisme, quand, en réalité, on veut ignorer la réalité d’une situation. Désolé pour cette réaction un peu énergique, mais j’ai reçu tellement de commentaires peu empathiques et très égoïstes, plus tournés vers sa propre « souffrance » à écouter ce qui s’est passé que vers la réelle souffrance des victimes et de leurs familles…