Bonjour,

"CulturesMonde" de ce matin, mardi, 6 décembre 2016. L'émission avait pour thème : "Afrique: le grand défi sécuritaire (2/4) : De Djibouti à Nouakchott : l’influence des puissances étrangères."

On a expliqué de manière tout à fait intéressante les tenants et les aboutissants de la présence des forces étrangères en différents points de l'Afrique.

Un (gros) bémol, cependant : il a été répété une bonne douzaine de fois par les uns et les autres que, en dehors des considérations liées à des contextes donnés, les différentes puissances présentes sur le continent africain y étaient pour la sauvegarde de leurs "intérêts"...

Ne pensez-vous pas qu'il était du dévoir du meneur de la discussion de revenir – ou de faire revenir ses interlocuteurs –, même très susccinctement, sur ce que sont ces "intérêts" ? Quand même ! En dehors des raisons conjoncturelles, ce sont bien ces "intérêts" qui motivent les différentes présences étrangères sur le continent africain...

Une des raisons d'être du service public de France-Culture ne consiste-t-elle pas à contribuer à élever le niveau de connaissance du public, et ainsi à élever notre niveau de conscience quant aux enjeux derrière l'apparent brouhaha de l'actualité ?

Dans la même logique, je me permets de vous faire part de deux éléments que je trouve fort irritants et à propos desquels vos personnels intervant à l'antenne (ou ceux qui préparent leurs textes) devraient faire un petit effort, à savoir :

– Eviter de prendre à la légère le respect des règles de la langue française, notamment en ce qui concerne l'accord du participe passé. A de trop nombreuses reprises ces règles sont massacrées... Et pas seulement par des journaistes parlant en direct, mais même par ceux qui lisent des textes déjà préparés (donc théoriquement relus et corrigés), notamment lors des infos.

– Eviter de larder leurs propos de mots anglais, surtout des mots pour lesquels existent des équivalents en français : "pitch" (pour "argument" d'un film), "spoiler" (au lieu de "dévoiler" la fin d'une histoire), "hash-tag" (pour "dièse") et des dizaines d'autres. Le pire, c'est que ces mots qui nous sont assénés sont la plupart du temps prononcés par des personnes dont on voit à l'occasion d'autres situations qu'ils sont "infoutus" d'aligner trois mots d'anglais ! Il y a même – c'est un comblre pour des radios nationales françaises ! – des titres d'émission en anglais (sur France-Inter, il est vrai) : "Coming up", "Very Good Trip"...

Pour finir – et pour apporter un modeste écot à la promotion de la langue française sur les antennes nationales françaises –, voici quelques erreurs courantes que j'entends sur nos radios :

– Rentrer, au lieu d'entrer. On dit : Je suis "entré" (et non "rentré") dans la salle. De la même manière, on dit j'ai eu du mal à "entrer" dans ce livre ; j'hésite à "entrer" dans l'eau froide de la piscine ; il est "entré" très tôt en politique, "entrez" donc, je suis à vous dans une minute. Partout où il s'agit de "pénétrer", "d'accéder", on dit "entrer". En revanche, on dit bien je suis "rentrré" de vacances, "rentre" ta chemise dans ton pantalon, la peur lui a fait "rentrer" la tête dans les épaules". On dit "rentrer" quand il s'agit de "regagner", "ranger"...
– La "gent" féminine, et non la "gente" féminine. On dit aussi la "gent" masculine, "gent" singnifiant dans les deux cas l'espèce, le genre. On dit, en revanche, une "gente" dame. Ce qui veut dire une gentille dame, un peu l'équivalent d'un gentihomme.
– "Un" après-midi, et non "une" après-midi. Midi est masculin.
– Un homme ou une femme diront qu'ils ne sont pas "près" (et non "prêt" ou "prête") de changer d'avis. Elle n'est pas "près" (et non "prête") de vous accorder ses faveurs ! C'est-à-dire qu'il ne faut pas y compter, c'est pas demain la veille. Ou je suis "près" de me mettre en colère. En revanche, elle est "prête" à changer d'avis si vous avez des arguments plus convaincants. Et, quoi qu'il en soit, "près de", "prêt à".
– C'est le stylo "dont" je me sers pour écrire. Mais c'est de ce stylo "que"(et pas "dont") je me sers pour écrire. C'est l'ami "dont" je vous ai parlé. C'est de cet ami que (et pas "dont") je vous ai parlé.
– Que je sois une fille ou un garçon je dirai : le piercing que je me suis "fait" faire. De la même manière, la coupe de cheveux que je me suis "fait" faire (et non "faite" faire). N'est-ce pas en conflit avec la règle d'accord du participe passé ? Non, car il y a une autre règle qui prime, à savoir que quand deux verbes se suivent, le second est à l'infinitif (je l'ai "vu venir", j'ai "entendu dire", je me suis "senti pousser" des ailes, j'ai "cru apercevoir" Paul dans la foule, j'ai "senti monter" ma colère, il s'est "fait faire" une paire de chaussures). Et même avec la règle de l'accord du participe passé ça marche, car la question ici n'est pas "je me suis fait quoi ?" mais "je me suis fait faire quoi ?" Donc "fait faire" est un ensemble indissociable, et de ce fait il ne change pas avec le nombre ou le genre du complément d'objet direct, comme c'est le cas d'un accord normal du participe passé : "Le fruit que j'ai mangé" et "la pomme que j'ai mangée".

Cela vous paraît sans doute évident et vous avez du mal à croire que ces erreurs sont courantes à l'antenne... Eh bien écoutez, vous verrez ! Juste pour l'accord du participe passé : des "décisions qu'il a pris" et autres "conditions qu'il a mis", il y en a à la pelle ! Et je ne parle pas d'intervants invités du genre Nicolas Sarkozy (!), mais de journalistes ou de présentateur(rice)s de Radio-France.

Cordialement,

Elias Awad

La Médiatrice Radio France vous répond
07/12/2016 - 10:28

Nous vous remercions de votre message. Il a été lu par le médiateur et transmis au service concerné par vos questions ou vos réactions. Même sans réponse personnelle de notre part, de nombreuses contributions sont relayées sur les antennes de France Inter, franceinfo et France Culture dans les Rendez-vous du médiateur ou dans Les infos du médiateur, lettre hebdomadaire destinée à tous les responsables de Radio France. Elles inspirent également des articles explicatifs à retrouver sur notre site mediateur.radiofrance.com.