Invisibilité et silenciation – dialoguez aussi avec ceux qui vous insultent

Bonjour,
Ce message concerne l’édition de Grand bien vous fasse du 01 Mai 2020, dédié à ce qu’on appelle aujourd’hui les ‘premiers de corvée’.

Le premier appel d’auditeur été coupé court lorsque l’auditeur, agent d’entretien, a qualifié FI de radio raciste (ses termes) parce qu’on prenait son appel maintenant qu’il s’appelait Yves alors qu’on ne l’avais jamais pris quand il s’appelait Kaled.

Ali Rebeihi a réagit en mettant terme à l’appel et en enchaînant sur la question de la reconnaissance et de l’invisibilisation avec des invités, choisis notamment pour leur visibilité sur ces sujets.

Il y a une certaine ironie et à mon sens une opportunité manquée. C'était violent, mais le pouvoir de dire et de taire n'etait pas symétrique entre Ali et lui, et sur ce coup là, Ali aurait pu lui donner tort simplement en l’écoutant et en parlant avec lui. Et in fine, on n’a pas entendu de parole de ces ‘premiers de corvée’, mais celle de Rosanvallon qui indépendamment de ses qualités et de son travail, n’a jamais été invisibilisé pour son origine, son genre, sa classe ou sa profession, et qui, du fait même de ses conditions sociales, maîtrise les cadres de discours entendables/légitimes, y compris dans la contestation du statu quo.

Personnellement, j’écoute FI quotidiennement. C’est choisi et je ne pense pas qu'elle soit raciste. Mais je aussi vois ses biais sociologiques. Et ce qui s’est passé relève pour moi d’une invisibilisation ordinaire pour non conformité d’opinion. Indépendamment de la forme et des faits, ce ressenti là méritait d’être entendu, d’être corrigé (en expliquant peut-être combien d’appels sont reçus pour une personne dont l’appel est pris, et comment sont sélectionnés les auditeurs avec lesquels vous décidez d’interagir). En tant que détenteurs et donneurs de parole (et de service public), c’est aussi votre responsabilité que de donner tort à tout ceux qui pensent comme ce monsieur qu'ils n'ont pas leur place sur votre antenne.

Merci,