Fidèle auditeur de la chronique " Ces chansons qui font l'histoire" de monsieur Bertrand DICALE, j'ai été totalement consterné, pour ne pas dire sidéré, en écoutant cette du 17 septembre , transformée par ce dernier en tribune politique, pour asséner à ses auditeurs ses propres opinions, au moyen de qualificatifs violents à l'encontre du journaliste Eric ZEMMOUR, dont je partage rarement les positions, mais qui-me semble-t-il- a droit à un minimum de respect, de même que les français qui peuvent partager ses idées.

Monsieur DICALE a en effet qualifié de "venimeux" les récents propos de monsieur ZEMMOUR au sujet de la propension des français d'origine maghrébine à refuser à travers les générations, de donner à leurs enfants des prénoms français, avant de conclure sur la "pureté" des prénoms qui serait prônée par Eric ZEMMOUR... A l'évocation du mot "pureté", j'ai fait un bond, tant il renvoie aux conceptions raciales du 3ème REICH ( ce qui serait tout de même étonnant pour un journaliste de confession juive...) et me suis rué sur les fameuses déclarations de monsieur ZEMMOUR disponibles sur internet.
Et là, je suis au regret de dire à monsieur DICALE qu'il a complètement déformé les propos de monsieur ZEMMOUR qui ne fait référence à aucune hypothétique "pureté", mais à une loi fondamentale de notre 1ère République, de cette Révolution française qui nous est si chère, et qui imposait de donner des prénoms français aux nouveau-nés sur le Territoire de la République!
Mon père est né en France, de parents polonais, qui lui ont donné un prénom français, ce qui ne les empêchait nullement d'être attachés à leurs racines polonaises; ils pensaient simplement que leur vie se ferait en France, et que cela faciliterait l'intégration de leur fils, ce qui a été le cas. Car ils avaient cette volonté de s'intégrer, de devenir français.
Il n'y avait là aucun comportement "venimeux" et une quelconque volonté de "pureté" raciale ( surtout de la part de slaves considérés comme des "sous-hommes" par les nazis!...)

Je me sens insulté par les propos de monsieur DICALE.

Durant mon enfance en Lorraine, j'ai grandi avec des enfants d'immigrés italiens (souvent communistes, d'ailleurs!...) , dont les parents se prénommaient Gino ou Mathéo, mais mes camarades se prénommaient Didier ou Michel; ils doivent comme moi se sentir insultés par les propos de monsieur DICALE qui ne voit donc dans la démarche de leurs parents qu'une attitude "venimeuse" motivée par des conditions de "pureté"?...
Je trouve indigne de bafouer la mémoire de ces millions d'immigrés, qui par amour de leur nouvelle patrie qui les accueillait, ont cru légitime de donner à leurs enfants des prénoms français.

Non, monsieur DICALE, l'amour de la France n'a rien de "venimeux" et la volonté que ses enfants s'y intègrent n'est nullement mue par la recherche d'une improbable "pureté" qui n'existe que dans votre imagination...

Concentrez-vous sur ce que vous savez faire, une chronique musicale, et cessez donc de faire de la politique sous ce couvert!...

La Médiatrice Radio France vous répond
20/09/2016 - 8:31

Voici la réponse de Bertrand Dicale:

« Cher monsieur,

Je vous sais gré de votre long message, et donc du temps que vous y avez consacré, ce qui est une manière d’hommage à l’importance que vous accordez à la radio de service public.

Néanmoins, je suis obligé de vous inviter à deux réflexions sémantiques.

Premièrement, le dictionnaire Le Robert (qui est celui que j’ai sur mon bureau) donne comme définition au mot « venimeux » un sens propre concernant le cobra, la vipère et les araignées; pour autant qu’Eric Zemmour n’appartient pas au règne animal, cela ne le concerne pas. Ensuite, Le Robert propose cette définition: « Qui a de la haine, de la méchanceté. »

C’est ce sens que j’utilise quand je dis  » c’est la teneur des propos venimeux d’Eric Zemmour il y a quelques jours, qui lui a valu une cinglante réponse de Rachida Dati, le maire du VIIe arrondissement de Paris. » Au passage, je vous rappelle que cette personnalité politique a publiquement émis des doutes sur la santé mentale de M. Zemmour à la suite des propos la visant nommément.

Il me semble qu’entraîné par une certaine exaltation, vous empruntiez un chemin fautif en affirmant que je pourrais croire qu’il est venimeux en une quelconque manière de baptiser ses enfants d’une façon ou d’une autre.

Non, je parle simplement de la méchanceté des propos de M. Zemmour à l’endroit de Mme Dati, et qu’elle a manifestement ressentie (et que lui-même ne conteste guère, d’ailleurs, puisqu’il se dit « révulsé », « scandalisé » ou « révolté » – je ne me souviens plus du terme exact – par le prénom qu’elle a donné à sa fille, et donc porté à clamer avec force la réprobation qu’il éprouve).

Deuxièmement, je ne parle pas de pureté raciale, de IIIe Reich ou de quoi que ce soit de cet ordre. Je parle de la pureté  en tant qu' »état de ce qui est sans mélange » (notre ami Le Robert, encore). Or vous-même (si je vous ai bien compris) évoquez clairement le fait que votre père et vous-même portez des prénoms français sans ambiguïté. Permettez-moi, cher ami, de trouver un rien pittoresque que vous me reprochiez d’employer un mot qui désigne précisément ce que vous défendez.

Vous me direz qu’il y a un autre mot présent au dictionnaire, et qui est celui de francité. Il est clair, précis, pratique mais, s’il existe depuis quelques générations, ce mot a toujours des résonnances de jargon que l’on préfère éviter à la radio. On ne dit donc pas à l’antenne « la francité » pour désigner ce qui est purement français (ou parfaitement français, ou français sans mélange, selon ce que vous préférez).  

Mais je ne parlais pas ici de M. Zemmour. Je parlais, de manière générale, de cette question assez française du caractère français des prénoms par comparaison avec les États-Unis, et justement à cause d’une propagation, au cours des années 60, de la graphie française Michelle dans les pays anglo-saxons. Je cite:  » Et les prénoms français ont eu beaucoup de succès à l’étranger. Cette Michelle célébrissime des Beatles date en 1965. L’année précédente était née à Chicago une certaine Michelle Robinson qui, des années plus tard, deviendrait Michelle Obama. Mais il est vrai qu’elle est américaine. Et qu’on ne s’indigne pas souvent, aux États-Unis, sur la pureté des prénoms. Là-bas, on pense facilement que tous les prénoms se valent. »

Vous conviendrez donc – avec un peu de bonne foi – que je n’ai en aucune manière cherché à insulter quiconque (si vous saviez d’où vient ma famille!). Et enfin, pour que vous n’imaginiez pas que je suis un journaliste gauchiste caricatural (ce que je crois déceler dans votre message), permettez-moi de vous rappeler un petit détail biographique que vous n’aurez aucune difficulté à vérifier: j’ai été journaliste au Figaro pendant vingt et un ans. Il me semble même me souvenir que j’y suis entré avant M. Zemmour.

Merci d’écouter Franceinfo.

Bien cordialement. »