A force de toujours répéter les mêmes expressions, il semble que certains journalistes en oublient leur signification. Aujourd'hui entre midi et midi et demie, votre journaliste nous dit qu'à Dijon, les habitants sont en colère à la suite des "tensions" qu'il y a eu dans leur quartier. Cela fait des jours que l'on nous parle d'affrontements, de bagarres générales, de violences urbaines, d'expéditions punitives ou armées, et d'un seul coup, il s'agit de tensions. Il faudrait que les journalistes restent vigilants et utilisent le mot juste : ce n'est pas qu'une question de vocabulaire car il s'agit de nous faire appréhender une réalité que nous, auditeurs, pouvons connaître uniquement par le truchement du journaliste. J'avais déjà signalé cette dérive lexicale à propos des affrontements qui ont eu lieu au cours des nombreuses manifestations de l'an dernier : quand divers projectiles volent en direction de la police et que celle-ci réplique par des tirs de grenades lacrymogènes, franchement, il ne s'agit plus de tension : le mot désigne un climat tangible d'hostilité qui peut se manifester par des slogans, des insultes, des attitudes, qui peut précéder la violence, mais qui n'est pas la violence. Personne n'a jamais été blessé par des "tensions" ! J'aimerais que certains journalistes retrouvent le sens des mots et le sens de la raison au lieu de nous resservir constamment les mêmes clichés.