Madame, monsieur,
Bonjour,
Je suis un de vos fidèles auditeurs, mais j'aimerais vous dire n'avoir pas bien compris, avoir été même heurté par un des propos de Gérald Bronner dans l'émission La grande table, ce jour, le 10/03/2020.
En effet ce dernier mettait en parallèle les procession organisées par le Pape Grégoire à l'époque des grandes pestes ravageant l'Europe, ayant contribuées largement à développer la propagation du fléau, et le rassemblement d'une église évangélique à Mulhouse dans le cadre de l'épidémie du coronavirus.
Cette mise en parallèle, je crois, n'était pas justifiée, et je m'étonne que le sociologue qu'il est, ait pu le faire.
Ce rassemblement de Mulhouse a eu lieu avant que les mesures de prévention aient pu être conseillées par le gouvernement pour lutter contre le coronavirus.
Les gens qui ont participé à ce rassemblement n’ont fait que subir la situation épidémiologique, et s’ils ont été des agents propagateurs, c’est bien malgré eux, et contrairement aux processions du Vème siècle qui avaient pour objectif d'enrayer le "mal", le rassemblement de Mulhouse, lui, n'avait d'autre objectif que de rassembler des gens pour des moments de prières en commun.
L'interdiction de tout rassemblement au-delà de 1000 individus date de ces derniers jours. Le rassemblement de Mulhouse serait donc interdit aujourd’hui. Ce n’était pas le cas fin février.
Il serait bon que monsieur Bronner se rende compte de ce « dérapage". Ou tout du moins qu’il puisse s’expliquer sur cette mise en parallèle.
Et peut-être qu'un rectificatif soit fait sur votre antenne.
Merci d'avance.

Bien cordialement.

La Médiatrice Radio France vous répond
11/03/2020 - 19:33

Bonjour et merci pour votre message.

 

Gérald Bronner vous répond :

 

Cher Monsieur,

Merci de votre remarque qui me permet de lever un malentendu. Si vous réécoutez ce que j’ai dit à ce moment de l’émission, vous constaterez que je n’ai à aucun moment prétendu que ce rassemblement évangéliste avait pour but de lutter même symboliquement contre le coronavirus. Ce parallèle je ne l’ai fait que pour rappeler que les réunions religieuses et les rituels en général impliquent des interactions qui sont susceptibles de contribuer à la diffusion d’une maladie. Ce n’est pas moi qui le dit c’est le médecin Jonathan Peterschmitt, fils du pasteur de cette église, lui-même contaminé, comme plusieurs membres de sa famille. Un autre médecin – le docteur Patrick Vogt – ajoute dans les pages du journal L’Alsace : « Nous avons eu sous nos yeux un modèle expérimental extraordinaire ! Ils sont restés plusieurs heures et plusieurs jours ensemble, s’embrassant, se touchant, ayant une grande proximité du fait de leur pratique religieuse. »

Il n’y a rien d’illégal évidemment à ce qui s’est produit puisque cette réunion s’est tenue avant l’interdiction des regroupements de plus de 1000 personnes. Rien n’interdit en revanche – et cela ne me paraît relever du « dérapage » (pour reprendre votre vocabulaire) – de s’interroger sur la responsabilité morale des organisateurs de cette réunion, ce que votre question me permet de faire mais ce que je n’ai pas du tout fait à l’antenne. En effet, le docteur Patrick Vogt cité plus haut affirme qu’il y avait des personnes présentant des symptômes grippaux dès le 21 février. Par ailleurs, dès le 19 février, la préoccupation pour le virus avait touchée notre pays comme en témoigne l’augmentation des recherches Google en France sur ce point. On peut se demander si des mesures de grande prudence dans cette « église géante » n’auraient pas dû être de mise. On peut d’autant plus se poser des questions que l’on sait que les rituels religieux en général (y compris mortuaires cf. le cas d’Ebola) sont favorables à la diffusion de toute maladie.

Bien cordialement.

Gérald Bronner