Bonjour Guillaume,
Quelle tristesse d'apprendre la fin de votre émission.
Je vis en Lozère, dans une maison perdue au milieu des bois. Je marche souvent dans la forêt et, depuis le début, vous m'accompagnez. Je me suis même perdue un jour avec vous (vous ne m'avez pas vraiment aidée à retrouver mon chemin d'ailleurs, ni vous ni Natacha ni Nicolas ni Tolstoï qui m'accompagnaient ce jour-là !). Je marche avec vous, donc, et je conduis parfois en vous écoutant. Mes enfants vous écoutent aussi, pendant les longs trajets en voiture, et, pas plus tard que la semaine dernière, mon dernier fils est revenu du collège en disant : "Notre prof documentaliste a voulu nous "montrer" comment lire une histoire, et nous a lu un extrait. C'était nul. Elle écoute jamais Guillaume Gallienne OU QUOI ?".
Vous vous êtes moqué de vous, de votre ton, qui semble vous fatiguer. Mais sachez que pour ceux qui vous écoutent, c'est précisément votre voix qui nous embarque d'emblée dans le monde des livres, des mots, dans cet ailleurs qui crée des ponts entre nous tous. Et vous savez moduler cette voix de mille façons, revêche, autoritaire, doucereux, apeuré, pervers, séducteur, sauvage, neutre, effacé, homme, femme, vieux ou jeune.
Bon, vous partez. Et je suis triste. Ce que vous avez fait pendant dix ans est vraiment une mission de service public. J'ai relu des livres grâce à vous, j'en ai découvert d'autres, j'ai réécouté des passages particulièrement émouvants, j'ai conseillé des ouvrages, j'en ai offert. J'ai été choquée, j'ai voyagé, j'ai ri, j'ai senti et mangé, j'ai pleuré, j'ai eu chaud et soif. Ne croyez-vous pas que cette émission doit continuer malgré votre départ ? N'y a-t-il pas un comédien presque aussi talentueux que vous qui pourrait la poursuivre ?
Merci, vraiment merci pour ce que vous avez fait, et bonne route à vous,