Je viens d’entendre (puis de réécouter attentivement) votre intervention de ce jeudi, concernant l’émission Du grain à moudre. Un auditeur  aurait reproché un manque d’objectivité de la part de l’équipe, ou du moins l’absence de prise en compte de l’opinion majoritaire en France sur la question de déchéance de nationalité. 

 

Le producteur de l’émission ayant été amené à s’expliquer sur la manière dont avait été traité le sujet a déclaré que les deux personnalités intervenantes, qui partageaient la même opinion en l’occurrence minoritaire, « n’ont pas été choisies en fonction de leurs réponses (avis ?) supposées »… ce qui pose un peu question, la confrontation du pour et du contre étant censée enrichir un débat. Producteur et médiateur ont ensuite, de concert,  mis en cause l’abus de sondages (incontestable) et la façon du gouvernement de poser la question de la déchéance de nationalité, censée masquer d’un nuage de fumée une énième manœuvre politicienne.

 

C’est sur la prise en compte du point de vue de l’auditeur que je souhaite m’exprimer. Je la trouve, disons assez désinvolte, et ce n’est pas la première fois. On a l’impression un peu gênante d’une impartialité discutable dans cette intervention à l’antenne du médiateur, censé être aussi le porte-voix de l’auditeur absent. Les auditeurs de France Culture, radio que j’écoute en priorité depuis une vingtaine d’années, ont l’habitude d’être flattés à l’antenne (comme d’ailleurs les invités à qui on est souvent au bord de « cirer les pompes »), et plutôt intégrés dans la connivence « Chers auditeurs, vous êtes de plus en plus nombreux à avoir l’intelligence de nous écouter »... Mais qu’ils formulent une remarque, et les voici grains (à moudre ?) indistincts d’une masse forcément débile.

 

France Culture revendique sa capacité de recul, son goût de la complexité et de la nuance. Son objectivité (le couplet sur les journalistes reflet de la société et non des politiques). Mais il est clair que sur les sujets d’actu brûlante même France-Culture (qui n’est pas, soit, un media d’information) déraille parfois, par une certaine démagogie, une précipitation de media chaud et d’époque, et le sentiment de puissance que peut conférer le fait de tenir l’antenne. 

 

Attention, au delà de l’esprit de corps ou d’équipe, à la complaisance généralisée, attention à l’abus d’auto-promotion ! Gardez l'esprit critique. Nous qui écoutons sentons aussi les nuances. Et notre exigence répond à la vôtre. 

 

Une auditrice (issue d’un media froid) qui compte bien vous écouter encore longtemps.