Cher France Culture,
Je suis un auditeur fidèle de France Culture et c’est la première fois en plusieurs décennies que je vous écris pour vous dire à quel point j’ai été choqué par la suffisance et l’arrogance de Mr Régis Debray, dont j’ai écouté pour la première (et certainement la dernière) fois l’émission hier soir.
Avant de vous résumer ce que j’ai entendu hier, je précise que je n’avais aucun a priori, positif ou négatif, sur ce monsieur.
L’invité de l’émission (présenté comme « excellent ») commence par affirmer qu’il est faux de dire que toutes les guerres actuelles sont des guerres de religion. Idée très intéressante qui mériterait d’être développée et explicitée, mais Mr Debray l’interrompt en lui disant qu’il s’adresse à un spécialiste des religions (lui-même) à qui il est inutile d’expliquer la chose. Il oublie au passage ses auditeurs qui n’ont ni ses immenses capacités ni son prestige intellectuel, et qui auraient peut-être voulu en savoir un peu plus.
La conversation passe ensuite à une attaque à boulets rouges de l’idée selon laquelle le polythéisme est préférable au monothéisme (règlement de comptes avec Michel Onfray). L’invité argue que les grecs anciens n’auraient rien à envier à Daech en matière de cruauté, en donnant un exemple précis. Souffrez, messieurs, qu’un misérable auditeur lambda soit d’un avis différent du votre : cet exemple ne prouve rien. La cruauté est une constante de l’espèce humaine depuis la nuit des temps, et personne n’a affirmé que les polythéistes en seraient dépourvus. Il a en outre existé, et il existe toujours, un très grand nombre de civilisations polythéistes, en dehors de la Grèce antique. Nos deux brillants esprits affirment aussi au passage que les deux plus grands régimes criminels du XXème siècle, le nazisme et le communisme seraient athées, ce qui mérite d’être nuancé : ne sont-ils pas fondés sur la soumission à un dogme et à un chef absolu?
Pour conclure cette séquence, Mr Debray laisse éclater son mépris absolu pour tous ceux qui auraient l’impudence de penser autrement que lui en déclarant (je n’invente rien) : « Laissons la connerie aux cons ».
C’est à ce moment que j’ai éteint la radio.
J’ai toujours pensé que France Culture est un des très rares média qui ne prend pas ses auditeurs pour des imbéciles, c’est pourquoi je me permets de réagir un peu vivement à ce contre-exemple.
Cordialement,
Georges Andrès