Le 20 avril, France Inter a diffusé un reportage (au journal de 7h30 à partir de 6mn30 https://www.franceinter.fr/emissions/le-journal-de-7h30/le-journal-de-7h30-20-avril-2020; une version a aussi été diffusée sur RFI http://www.rfi.fr/fr/moyen-orient/20200416-territoires-palestiniens-destructions-maisons-poursuivent-malgré-coronavirus) dans lequel Israël était accusé de différentes menées contre les Palestiniens et notamment d’avoir détruit des tentes en Cisjordanie qui servaient d’hôpitaux de fortune pour lutter contre le coronavirus. Cette accusation grave émanait de l’ONG B’Tselem.

Comment se fait-il que la correspondante de Radio France, ait relayé cette accusation sans mentionner qu’elle avait été formellement réfutée auparavant par le Cogat, l’autorité israélienne qui administre les territoires gérés par Israël en Cisjordanie et délivre notamment les permis de construire dans la zone C ?

Comme l’a rapporté i24News (https://www.i24news.tv/fr/actu/international/moyen-orient/1585403782-cisjordanie-le-cogat-accuse-b-tselem-d-exploiter-le-coronavirus), le 28 mars déjà le Cogat avait accusé B'Tselem de « faire le choix d'exploiter une crise mondiale pour diffuser de fausses nouvelles », précisant : « Le Cogat affirme que la structure démolie était "un avant-poste construit illégalement et sans permis par un résident de Bardala", un village situé au nord-est de Naplouse, en Cisjordanie. "Ni l'Autorité palestinienne, ni aucune autre organisation mondiale n'ont demandé à ériger un centre de traitement pour les patients atteints du Covid-19 ». »

« L’accusation sans preuve » et « la non vérification des faits » sont considérés comme faisant partie des « plus graves dérives professionnelles » par la charte d’éthique professionnelle des journalistes de Radio France.

N’y aurait-il pas ici matière à vérification de l’accusation ?

Le reportage comporte de nombreuses allégations selon lesquels Israël empêcherait les Palestiniens de lutter contre le coronavirus, voire contribuerait via les interventions de ses soldats à exposer les Palestiniens à la maladie. Aucune voix officielle israélienne n’y est sollicitée pour répondre à ces accusations très lourdes.

Pourtant tout journaliste bien informé sur la région sait que le Cogat est l’autorité à consulter pour obtenir le point de vue officiel israélien sur tous les sujets touchant à l'administration civile de la Cisjordanie. Il est difficilement concevable qu’Alice Froussard n’ait pas eu connaissance de la position de cette instance avant de rédiger son sujet.

InfoEquitable est un site indépendant dédié à la vérification de l'information concernant Israël et le conflit israélo-palestinien. Nous préparons un article sur la manière dont France Inter à rapporté ce dernier événement.

Ne pensez-vous pas qu'un correctif serait nécessaire pour informer les auditeurs de la position officielle d'Israël qui est l’un des acteurs principaux dans cette affaire ?

Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie de croire à l’assurance de mes sentiments les meilleurs (et vous envoie tous mes voeux de santé en cette période particulière).

Bien à vous

La Médiatrice Radio France vous répond
07/05/2020 - 13:44

Bonjour,

Jean-Marc Four, Le directeur de la rédaction internationale de Radio France vous répond :

  • L’ONG B Tselem citée dans le reportage et qui émet des accusations contre l’armée israélienne est une association israélienne basée à Jérusalem et composés d’israéliens juifs, donc qui peut difficilement être qualifiée de s’inscrire dans une « tradition anti juive »
  • Les trois instances interviewées dans le reportage sont indépendantes les unes des autres ; et le conseil norvégien des réfugiés est une ONG mondiale qui travaille avec l’ONU, non orienté politiquement
  • Le Cogat auquel le mail fait référence est une émanation directe de l’armée israélienne, et l’administration des territoires palestiniennes est plus militaire que civile
  • Le portrait n’avait rien « d’admiratif » à notre sens ; c’était un constat sur le fait que cette personnalité peu connue auparavant a gagné en notoriété depuis le début de la pandémie
  • Mais surtout, la réponse la plus importante est celle-ci : il s’agit d’un reportage effectué au sein des territoires palestiniens où l’on entend donc un point de vue palestinien, ce qui est logique. De la même manière, les chaines de Radio France diffusent plein de reportages côté israélien où l’on n’entend que des Israéliens ce qui est logique de la même manière ; au bout du compte, nous diffusons d’ailleurs probablement davantage de reportages côté israélien que côté palestinien. Un reportage effectué d’un côté du mur est par définition effectué d’un côté du mur et pas de l’autre, a fortiori en cette période de virus où les journalistes ne sont pas autorisés par l’armée à aller et venir librement entre les deux côtés.

cordialement

Jean-Marc Four