Bonjour, je suis régulièrement heurtée par le traitement de l'information environnementale par les journalistes, aussi sérieux soient-ils.

Le temps où les médias trouvaient judicieux d'inviter un climato sceptique pour "débattre" du changement climatique semble heureusement sur le point de passer. Pour autant, les journalistes persistent à présenter très régulièrement des éléments factuels ou communément admis par la communauté scientifique, comme des opinions. Un nouvel exemple ce matin avec l'interview de Pierre Laurent, quand la journaliste semble s'étonner de son affirmation selon laquelle le problème du nucléaire n'est pas l'urgence climatique. Il s'agit d'un point factuel, sur lequel il n'y a pas lieu de débattre : le problème du nucléaire, ce pour quoi on débat (cette fois le mot est juste) de l'intérêt de la fermeture des centrales, c'est les déchets et le risque santé/sécurité, pas sa participation au réchauffement climatique. Au contraire, si on hésite à fermer les centrales, en dehors de la question économique, c'est qu'elles n'émettent pas de CO2 à un moment où il y a urgence à ne plus émettre de CO2. Pire, le résumé de l'émission sur le site de France Inter réitère : "Pierre Laurent estime enfin que l’urgence écologique porte principalement sur la question du climat et POUR LUI, "il n’y a pas de lien avec le nucléaire. Le nucléaire pose la question du danger et de la gestion des déchets."

Je pense que cette tendance à reléguer une information factuelle au rang d'opinion est dangereuse. Elle nuit à la bonne compréhension des enjeux et à la qualité des débats et, au final, à la lutte contre le réchauffement climatique. Alors je m'interroge sur le rôle et l'éthique des journalistes. Doivent-ils simplement représenter le grand public, les 70% de personnes qui ne savent pas que le fonctionnement des centrales nucléaires ne contribue pas au réchauffement climatique, ou doivent-ils au contraire s'efforcer de dissocier ce qui relève de l'opinion de ce qui relève de la réalité?