Je suis souvent frappé par l'indigence de vocabulaire de vos collègues: quand votre journaliste interviewe un homme d'affaires – mécène d'un festival –, il évoque ses "congénères". Grands patrons, sont-ils des requins, des vautours, des hyènes ou des chacals ? Le même jour, votre correspondante à Toulouse déplore des personnes "gravement" blessées dans un incendie. "grièvement" semble être devenu un objet de musée, mais pour qu'un mot vive, encore faudrait-il le connaître et l'utiliser ! Et ne pas se contenter d'utiliser des mots passe-partout, comme le font malheureusement la plupart de vos collègues, pour qui tout est "compliqué". Une circulation difficile à cause des bouchons ? c'est compliqué; des situations complexes, embarrassantes, fatigantes, ardues, pénibles, critiques, tendues, problématiques, fâcheuses ? c'est compliqué. Matches de tennis, décisions politiques, voyageurs coincés dans un TGV, c'est "compliqué". Un autre exemple à propos des étudiants ? ils sont toujours "stressés". Plus personne n'est anxieux au moment de faire ses choix sur Parcoursup, angoissé avant l'examen, impatient, inquiet, sur des charbons ardents avant les résultats, on est stressé.
Alors, mon message est simple : soignez votre vocabulaire.