Une grève civique et non corporatiste ?
J’ai eu un sentiment de malaise à la suite des 80 secondes que Nicolas Demorand a consacrées à la grève de Radio France le lundi 2 décembre à la fin des informations de 7H.

Premier malaise sur le flou du statut de cette prise de parole : au nom des grévistes dont on ne connait ni le nombre, ni les statuts ? Au nom de l’ensemble du personnel de radio France ? Au nom de la rédaction de la matinale de France Inter ? Etc. ?

Deuxième malaise d’entendre le journaliste renvoyer les auditeurs à la médiatrice de Radio France pour dire ce qu’on pensait de cette grève avec comme seule déclaration suivante sur ce qui la justifie : une indignation sur la demande de faire des économies à un service public qui est exemplaire car il a beaucoup d’auditeurs.

Troisième malaise sur ce que peut faire la médiatrice de Radio France face à une avalanche de messages, sinon essayer d’arbitrer sur la quantité de messages pour ou contre la grève et en sélectionner quelques-uns. Cela ne fait pas beaucoup avancer un travail nécessaire de médiation pour construire une sortie rapide de grève.

Quatrième malaise devant la justification finale de principe affirmant que c’est une grève civique et non corporatiste. Ceci mériterait d’être démontré, sachant que le civisme, c’est d’une part une civilité qui n’est pas pratiquée par des journalistes oubliant de l’exercer vis-à-vis des auditeurs en les privant de leurs émissions, d’autre part une citoyenneté qui voudrait que l’ensemble des parties prenantes, y compris les auditeurs, puissent débattre de l’avenir de Radio France.