Chers amis de France Culture,
Petit garçon, je lisais tout naturellement Dumas, Balzac, Ponson du Terrail et bien d'autres, tous extraits gratuitement de la bibliothèque municipale de mon quartier, une merveille de la civilisation. Vers mes quinze ans j'ai rencontré de jeunes hommes, Gide, Morand, Bernanos, qu'aucune publicité ne m'avait jetés dans les bras, car elle n'existait que pour le pinard (on buvait beaucoup) et la lessive (on était très sales; dans les classes de cinquante gamins, plus les maîtres, ça renaudait fort).
Aujourd'hui et dans mon entourage où il n'y a pas que des analphabètes, personne ne lit; je parle de vrais livres, pas des programmes de la télé.
Ce midi, j'ai essayé d'écouter une charmante dame papotant sur le produit de ses expériences (sentimentales ?) enrichies de son imagination. Je n'ai tenu que quelques minutes. Chers amis, dites-moi que j'ai tort, dites-moi que je dois faire des efforts, ou alors si vous n'arrivez pas à me convaincre, je retourne immédiatement à Nabokov, Gaskell, Conrad et tous les autres.
Cordialement votre,
FRP