Lundi 28 septembre 2020, j’écoute attentivement le journal. 
Il s’agit d’un reportage sur l’individu qui a perpétré les actes terroristes sur deux malheureux salariés en pause. 
Pendant tout le reportage, le journalisme nous informe que le « jeune homme » a menti sur son âge, cette « personne » a travesti son identité, cet homme a reconnu les faits. 
Non Monsieur, vous êtes un homme, je suis une personne, mon fils est un jeune homme. Cet individu est un terroriste. Vous avez interrogé l’avocat de Charlie, il a utilisé les bons termes individu, terroriste islamiste. 
Un journaliste devrait savoir la portée des termes qu’il utilise. Ne banalisez pas les faits par pitié. Il faut mériter le qualificatif d’homme. Un homme est respectable pas un criminel. 

J’adore depuis près de 20 ans cette chaîne info, que j’écoute quotidiennement.
Je suis cependant extrêmement surpris de la ligne éditoriale récente, et notamment du poids et du traitement que vos journalistes font de l’actualité qui était encore récemment qualifiée de « faits divers ».
Pour la première fois, je prends donc mon clavier pour vous demander d’étudier les clés d’entrée de votre traitement de l’actualité, et en l’occurrence :
– de rééquilibrer les thématiques sociétales par des sujets économiques (sans privilégier comme vous le faites les faits divers comme des fermetures de sites industriels, etc.) ; et ne pas chercher à réorienter vos interviews économiques par des approches sociétales (exemple ce matin, avec le patron du MEDEF, où votre journaliste a par réflexe mentionner un manque de « pédagogie », votre interviewé avec bon sens étant obligé de répliquer qu’il ne souhaitait pas « infantiliser » le débat)
– de respecter le secret de l’instruction et ne pas épiloguer sans fin sur des enquêtes en cours (exemple en ce moment même, les causes du décès de cette jeune fille)
Mon point n’est pas de remettre en cause le travail effectif de vos journalistes, mais bien les sujets traités et l’angle abordé, ce qui relève de la responsabilité du directeur de rédaction.
Je terminerais par une note plus personnelle. Une radio publique a le droit de vouloir traiter les sujets demandés par ses auditeurs, et j’imagine que vous suivez de près des enquêtes d’opinion sur les souhaits de vos cibles. Elle doit cependant également ne pas chasser l’auditeur, vous n’êtes par RMC ou Europe1. Evitez donc ces postures militantes en faisant la promotion de sujets à la mode (la propagande du terme féminicide en est un bon exemple), ni laisser vos journalistes imposer leurs obsessions personnelles.

Dans ses interventions relatives à l’attentat commis devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, le Ministre de l’lntérieur a dénoncé le terrorisme islamique, en associant systématiquement les deux mots. Pourtant, dans les flashes d’information que j’ai attentivement écoutés ce dimanche matin 27 septembre, le journaliste a cité les propos de G. Darmanin en disant à chaque fois qu’il avait dénoncé « le terrorisme ». A chaque fois, le mot islamique a été « oublié ». Cette façon de tronquer ainsi la citation est loin d’être neutre. Cela change en effet complètement le sens de dénoncer le terrorisme en général, sans nommer l’adversaire. Darmanin parle-t-il du terrorisme corse, basque ou breton ? Alors pourquoi tronquer son propos ? Ne pas nommer les choses, c’est vouloir les cacher, c’est de la désinformation. Enlever le mot islamique, c’est du déni. Outre le fait qu’il est scandaleux qu’une radio publique dénature ainsi les propos du Ministre de l’Intérieur, je ne peux m’empêcher de constater que sur France Info, cette forme de déni à l’égard du terrorisme islamique est systématique. Est-ce la ligne éditoriale de France Info de vouloir masquer la motivation religieuse du terrorisme que nous subissons aujourd’hui ? 

Les journalistes de Franceinfo ont de plus en plus de mal à prononcer les termes « terrorisme islamiste ». En tous cas beaucoup plus que le ministre de l’intérieur. Subissez-vous des menaces vous demandant de contrôler les termes que vous utilisez ? 

Juste pour vous faire part d’une forme d’exaspération à l’écoute de France Info. Le principe du remplissage du temps d’antenne de cette radio est devenu simple : prendre une information factuelle et faire réagir un syndicaliste, un porte-parole d’association et, quand aucun des deux n’est disponible, un sociologue. Toujours un son de cloche « anti ». France Info devient une radio militante. Il y a quelques minutes, interview (ou plutôt tribune libre) de Laurent Muchielli, sociologue, expliquant que la politique anti covid n’est pas bien menée. Sur le fond, pourquoi pas. Encore faudrait-il que France Info fasse preuve d’un peu d’honnêteté intellectuelle : Laurent Muchielli est connu pour sa sociologie militante… l’interviewer comme s’il s’agissait d’un scientifique analysant des chiffres est malhonnête. Regardez donc ce qu’il a publié avant. Si quelqu’un lui avait apporté la contradiction, pourquoi pas mais là… Ce genre de journalisme pose un problème d’éthique.  

A vos journalistes qui parlent des Arméniens du Haut Karabagh comme des séparatistes, je rappelle qu’ils résistent pour leur indépendance. Ces « séparatistes » ont été séparés de leur patrie (Arménie) sur une décision de Staline lors de la soviétisation du Caucase. « Mal nommer les choses, c’est ajouter du malheur au Monde » disait Albert Camus. Je vous prie d’épargner vos approximations journalistiques à ce peuple du Haut Karabagh qui se bat pour son indépendance, et si possible également de couvrir ces événements un peu plus.  Combien de peuples se battent actuellement pour leur indépendance sous des bombardements ?

Je ne doute pas que vous ayez d’ores et déjà une panoplie d’éléments de langage pour contester la récrimination qui suit, mais peu importe ! Je suis convaincu de ne pas être le seul à être ulcéré par l’omniprésence de membres du gouvernement à votre antenne, de préférence sans réels contradicteurs, présence qui ne fait que s’accroître depuis près d’un an maintenant, et plus particulièrement ces derniers mois. Nous avons désormais droit à un ministre ou secrétaire d’état ou autre membre de la majorité présidentielle tous les deux jours voire plus fréquemment encore. J’entends bien que le service public dépende directement des allocations gouvernementales, mais c’est fondamentalement la contribution des contribuables qui vous fait vivre. Un peu plus de respect pour la diversité des opinions devrait être par voie de conséquence une préoccupation permanente de la programmation de vos antennes. Ce n’est plus le cas, ce qui est très préoccupant et désolant. Dois-je vous rappeler ce que disait Monsieur Merleau-Ponty à propos de la différence entre « parole parlante » et « parole parlée » ? Être des porte-voix ou des acteurs réels et crédibles du débat d’idées, nous avons tous le choix.