Nous sommes atterrés comme tout le monde par la tuerie de Nice et quelque chose nous pose vraiment problème lors des informations. Ce problème réside dans l’appellation d’un individu qui décapite, qui est un être barbare et justement là, aux informations, on parle d’un jeune homme… mais comment pouvez-vous appeler ce monstre « un jeune homme » ?
A chaque attentat, nous entendons les mêmes mots : « le jeune homme… »
Par respect pour tous et surtout pour ceux qui sont de près ou de loin, touchés par ces barbaries, nous vous demandons de les appeler d’une autre manière, comme individu, assaillant, mais nous vous supplions de ne plus entendre ce genre de propos, complètement inadaptés et humiliants.
J’ose espérer que vous comprendrez ma démarche et que les mots qui sont si importants et véhiculent tant de pensées, soient employés de façon appropriée.

Un merci global pour l’ensemble de vos émissions.
Juste une remarque qui concerne les flash infos. Nous sommes plusieurs à être choqués qu’un islamiste ayant égorgé deux personnes soit appelé « jeune homme ». « Jeune homme » est un terme qui évoque et engendre plutôt la sympathie vis à vis de quelqu’un par ex. dans l’expression « bonjour jeune homme ! ». Dans le cas présent les termes « homme » ou « un homme, jeune, âgé de… » ou encore « individu » nous semblent plus appropriés dans la mesure où il nous semble difficile d’avoir une quelconque sympathie pour cet homme.

D’une manière générale France Inter et les autres médias présentent les auteurs d’attentats d’une manière qui peut choquer. Si l’auteur est un adulte, on parlera de lui comme de l’assaillant, l’assassin, etc… Si l’auteur est plus jeune, on parlera de jeune homme, même si c’est un assassin. Je perçois cela comme une forme de minoration de la gravité de l’acte commis. Pourquoi différencier les deux ?

Dimanche sur le Fil Info, on nous annonce régulièrement que le « petit frère » du terroriste est lui aussi en garde à vue. Je trouve choquante cette façon de nous faire pénétrer dans l’intimité familiale du tueur. Il y a un mot en français : il s’agit de son frère cadet. Les journalistes réalisent-ils qu’ils infantilisent le langage ? Il y a des mots pour toutes les situations, en famille on dit « papa, maman et mon petit frère » : employer ces mots inconsidérément dans un contexte d’informations radiophoniques est leur donner une charge affective, en l’occurrence comme si l’on se plaçait du point de vue du terroriste. Rappelez-vous Assa Traoré parlant de son « petit frère » : c’était compréhensible puisqu’elle cherchait à émouvoir l’opinion – pour un journaliste, cela aurait été inadmissible. Dans le cas présent à propos de ce terroriste, c’est à la fois puéril et choquant.